Histoire de mes assassins

C'était plus fort que lui. Il fallait qu'elle souffre, qu'elle crie. Tous les moyens étaient bons. Insultes, chatouilles, brûlures indiennes, sel dans le yaourt, poivre sur la brosse à dents, massacre de dessin, vol de goûter, énucléation de peluches.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Policier

Histoire de mes assassins

Politique - Humoristique - Religieux - Enquête littéraire MAJ jeudi 03 septembre 2009

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 25 €

Tarun J. Tejpal
The Story of my Assassins - 2009
Traduit de l'anglais (Inde) par Annick Le Goyat
Paris : Buchet Chastel, septembre 2009
590 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-283-02283-2

Actualités

  • 27/10 Édition: Buchet-Chastel sur Facebook et Twitter
  • 05/10 Prix littéraire: Sélection du prix RFI Témoin du monde 2009
    Radio France Internationale a créé en 1997 le prix Témoin du monde pour récompenser un ouvrage - de fiction ou documentaire - où s'exprime un regard personnel "sur un grand sujet d'actualité ou de culture". Doté d'une somme de cinq mille euros, il s'accompagne également d'une campagne promotionnelle lancée en concertation avec l'éditeur.
    La récompense 2009 sera remise le 18 novembre au lauréat qu'aura désigné le jury, présidé cette année par Jean-Marie Rouart, parmi sept livres dont la liste vient d'être rendue publique. Ce prix concerne un "sujet d'actualité ou de culture"... Peu de chance de trouver un roman policier stricto sensu dans les ouvrages sélectionnés, direz-vous. Certes. Pourtant, deux titres attireront l'attention du k-libriste à l'esprit large et curieux des choses du monde. D'une part Yanvalou pour Charlie (Actes Sud) de Lyonel Trouillot - cet auteur haïtien narre dans ce roman ce qui arrive à un jeune et brillant avocat d'affaires quand un ado en cavale après un braquage avorté vient lui demander secours au nom de ce village dont ils sont tous deux originaires.
    Quant à L'Inde en héritage, d'Abha Dawesar (traduit par Laurence Videloup pour les éditions Héloïse d'Ormesson), qui rend compte du regard aigu que porte sur son entourage un petit garçon dont la chambre est devenue l'observatoire privilégié, il offre un point de vue saisissant sur "une société gangrenée" et conduit, "à travers les mésaventures d'une famille, au cœur d'un pays écartelé entre démocratie et barbarie" (in "Présentation de l’éditeur"). On rapprochera ce dernier roman de l'œuvre de Tarun Tejpal.
    Ce ne sont évidemment pas des polars. Mais à coup sûr de ces romans noirs qui, sans reposer sur une intrigue criminelle caractérisée, exposent sans complaisance les terreaux familiaux et/ou sociaux sur lesquels elles éclosent et prospèrent.
    Liens : Tarun J. Tejpal

Une infinité de petits pions...

Le nouveau roman de Tarun J. Tejpal réserve autant de poésie, de dépaysement que son premier roman, salué par la critique et par 300 000 lecteurs en France. Dans Loin de Chandigarh, l'histoire d'amour du narrateur prenait toute la place. Ici, bien que le narrateur soit à nouveau le personnage central, Tarun J. Tejpal choisit de s'éloigner de lui pour nous conter les cinq vies de ces cinq acolytes d'un jour.
Un attentat avorté contre le narrateur, journaliste indien à Dehli, est le prétexte à ce voyage dans l'Inde contemporaine. Il s'affronte à sa maîtresse, Sara, seule figure féminine du roman, qui prend le parti des cinq assassins. Elle leur rend visite en prison pendant leur procès, et lui rapporte leur histoire personnelle. Cinq laissés pour compte, l'un issu du servage, l'un abandonné dans un train, tel autre voleur sur les quais de la gare de Delhi, qui héritier des égarements d'un père musulman, qui vengeur du viol subi par ses sœurs. Ces cinq destins se retrouvent, malgré eux, au cœur de cette intrigue. Tarun J. Tejpal les rend lumineux et attachants car c'est un humaniste ; il les aime.
Par son écriture dense et folle, il réussit à nous faire rire – et aussi grincer des dents - de la misère humaine et un "lever de drapeaux" se révèle la pire scène de torture. Il manie la langue de manière ludique, invente des mots, nous abreuve d'expressions jubilatoires, use de tournures métaphoriques et poétiques. Ainsi un drap souillé de sperme devient "maculé d'un million de bonheur". Il y a de l'Albert Cohen – Mangeclous, Belle du Seigneur - dans ce style drôle, enlevé, détaillé. Tarun J. Tejpal est généreux, quitte à trop en faire parfois, et pour qui a goûté une fois l'Inde, celui-ci retrouvera les odeurs, les couleurs bigarrées, la chaleur et les bruits de ce pays complexe et bouleversant.

Citation

Je t'ai toujours dit qu'il vaut mieux faire en sorte d'être la bouche plutôt que la mangue, dit Guruji. La mangue est bonne mais c'est la bouche qui savoure. Quelle que soit la perfection du fruit, c'est la bouche qui le mange, lentement ou rapidement ou pas du tout. J'espère, mon fils, que tu n'as pas fait de cette femme la bouche

Rédacteur: Axelle Simon lundi 17 août 2009
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