Petit Piment

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jeudi 25 avril

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Roman - Noir

Petit Piment

Social - Gang - Urbain - Évasion MAJ jeudi 20 août 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Alain Mabanckou
Paris : Le Seuil, août 2015
288 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-02-112509-2
Coll. "Fiction & Cie"

Actualités

  • 12/10 Prix littéraire: Seconde sélection du Prix de Style 2015
    Créé en 2005 par Antoine Buéno, le Prix du Style est d'après son fondateur le "seul prix littéraire à distinguer le style d'un roman, alors que c'est l'essence même de la littérature". Ce prix littéraire qui a été un temps mis en vente sur Leboncoin a depuis repris son essor grâce à un partenariat avec la revue Page des libraires. Il a la triple particularité de récompenser son lauréat avec une authentique plume, un véritable plomb ainsi qu'un chèque en euros dont le montant est identique au nombre de pages du roman primé. Cette année, le 11e jury* dévoilera son lauréat le 24 novembre. Mais mi-septembre, une première liste de quinze ouvrages avait été annoncée. Parmi ceux-ci, on retrouvait La Septième fonction du langage, de Laurent Binet, Profession du père, de Sorj Chalandon, Les Loups à leur porte, de Jérémy Fel et Petit Piment, d'Alain Mabanckou, soit autant d'ouvrages k-librés. La seconde sélection publiée ce 12 octobre, a conservé deux de ces quatre ouvrages. Espérons que l'un des deux saura convaincre les jurés. À noter que Diane Meur faisait partie de la première sélection. La romancière publiée par Sabine Wespieser est plus connue en nos pages en sa qualité de traductrice. Le lauréat sera désigné le 24 novembre au Concept Store BMW George V sur les Champs-Élysées. Il succèdera à Olivier Rolin et son roman Le Météorologue (Le Seuil).

    Première sélection :
    - Otages intimes, de Jeanne Benameur (Actes Sud) ;
    - La Septième fonction du langage, de Laurent Binet (Grasset) ;
    - Les Bannis, de Laurent Carpentier (Stock) ;
    - Après le silence, de Didier Castino (Lian Levi) ;
    - Profession du père, de Sorj Chalandon (Grasset) ;
    - Djibouti, de Pierre Deram (Buchet-Chastel) ;
    - Boussole, de Mathias Énard (Actes Sud) ;
    - Les Loups à leur porte, de Jérémy Fel (Rivages) ;
    - Les Prépondérants, de Hédi Kaddour (Gallimard) ;
    - Petit Piment, d'Alain Mabanckou (Le Seuil) ;
    - La Petite barbare, d'Astrid Manfredi (Belfond) ;
    - La Carte des Mendelssohn, de Diane Meur (Sabine Wespieser) ;
    - Les Gens dans l'enveloppe, d'Isabelle Monnin (Jean-Claude !Lattès) ;
    - La Variante chilienne, de Pierre Raufast (Alma) ;
    - Il était une ville, de Thomas B. Reverdy (Flammarion).

    Seconde sélection :
    - Après le silence, de Didier Castino (Lian Levi) ;
    - Profession du père, de Sorj Chalandon (Grasset) ;
    - Boussole, de Mathias Énard (Actes Sud) ;
    - Petit Piment, d'Alain Mabanckou (Le Seuil) ;
    - La Petite barbare, d'Astrid Manfredi (Belfond).

    * Le jury est composé d'Antoine Buéno, créateur de la récompense, Véronique Cardi, directrice générale du Livre de poche, Patrice Carmouze, journaliste, Irène Frain, écrivain, Georges-Marc Habib, libraire, Viktor Lazlo, artiste, Bernard Lehut, journaliste à RTL, Baptiste Liger, journaliste, Macha Meril, écrivain et comédienne, Éric Naulleau, journaliste et auteur, Jacques Nerson, journaliste, Sophie Obadia, avocate et Pierre Vavasseur, journaliste au Parisien.
    Liens : Diane Meur

Le Robin des Bois de Pointe-Noire

Alain Mabanckou revient à la fiction de la plus jolie des manières avec une fable où l'épique s'entremêle avec le sordide et l'exotique, le tout sur fond de politique, de corruption et de haine des peuples. Petit Piment est un roman ambitieux, et le rendu est à la hauteur des ambitions. De quoi est-il question ? De la vie de Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko autrement dit "Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres" et de ses errances dans la ville de Pointe-Noire en République du Congo. Inutile de dire que ce nom de baptême donné par Papa Moupelo, un prêtre de l'orphelinat de Pointe-Noire, va être très vite remplacé par Moïse, plus court, plus simple. Les événements vont tout aussi très vite affubler notre héros du surnom de Petit Piment lors de sa rencontre cruciale avec les jumeaux Songi-Songi et Tala-Tala, deux teignes qui font régner la terreur au sein de l'établissement dirigé despotiquement par Dieudonné Ngoulmoumako (et les trois membres de sa famille : Mfoumbou, Bissoulou et Dongo-Dongo). Abandonnant son compagnon d'infortune Bonaventure Kokolo, Petit Piment s'échappe de l'orphelinat en compagnie des jumeaux. Eux deviennent chefs d'une bande qui écume le Grand Marché de Pointe-Noire. Petit Piment est leur second en mode naïf. Ils ont destitué Robin le Terrible, qui y a perdu un œil en plus de son pouvoir et de son territoire (et qui perdra plus tard la vie). Petit Piment y gagne un idéal : un jour, il sera le Robin des Bois de Pointe-Noire. En attendant ce jour, pour ne pas mourir, il écorche un chat noir qu'il est contraint de manger par ces jumeaux de l'ethnie des Bembés. Il n'en sortira mentalement pas indemne mais auparavant, il croisera la route de Maman Fiat 500 et de ses dix filles. Cette mère maquerelle zaïroise sera finalement victime des ambitions politiques de François Makélé lors de sa campagne "Pointe-Noire sans putes zaïroises" tout comme l'a été auparavant la bande de délinquants. Pris de folie, Petit Piment cultivera des épinards tout en pourchassant des nains de jardin avant d'être remis par son voisin entre les bras de deux docteurs. Mais la médecine occidentale ne pourra rien y faire, pas plus que l'ancestrale. Petit Piment devenu le double schizophrène de Robin des Bois et de Moïse s'habillera tout de vert et s'achètera un couteau avant de partir à la recherche de l'homme responsable de ses maux. Par-delà cette intrigue foutraque haute en couleur, l'écriture fleurie d'Alain Mabanckou ensorcelle. Certaines pages - la surveillance par les hommes du Président de la chambre de Mama Fiat 500 - sont à la fois jouissives et complètement déjantées. Et puis le romancier dresse un constat amer de la politique de son pays. L'échec du marxisme-léninisme, les exactions des politiques, la corruption omniprésente, les campagnes d'épuration, la haine du voisin zaïrois responsable de tous les malheurs : autant de sujets qu'Alain Mabanckou passe malicieusement à la moulinette littéraire pour nous ravir du carnet de prison de ce diable de Petit Piment, un redresseur de tort qui n'a pas su prendre son envol.

Récompenses :
Liste Goncourt : le choix polonais 2015

Citation

Alors que Wabongo-Wabongo III sortait de la bicoque de Maman Fiat 500, deux sbires le rattrapèrent, l'immobilisèrent et lui firent avaler de la ciguë.
- Au moins il aura eu une mort de philosophe, risqua un des sbires.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 13 août 2015
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