Coup de chaud à la Butte-aux-Cailles

La langue natale n'est pas seulement le vocabulaire ou la grammaire, le français, l'arabe, le chinois, le papou, c'est la musique des paroles, les gestes, les attitudes, une façon de finir les phrases. J'avais laissé au pays la harissa des métaphores, la kémia des syllabes, la salade des formules, le soleil des gueulantes, et je bouffais de la quenelle à longueur de journée, en buvant du vin de messe.
Hubert Huertas - La Boulangère du diable
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Noir

Coup de chaud à la Butte-aux-Cailles

Gang - Urbain - Trafic MAJ lundi 14 septembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Yves Tenret
Paris : La Différence, mars 2015
192 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-7291-2159-4
Coll. "Noire"

Actualités

  • 28/03 Revue: L'Express publie sa sélection des 12 polars à lire sans plus tarder
    À la veille de l'incontournable manifestation littéraire Quais du polar à Lyon (rappelons au passage qu'il ne s'agit pas d'un quai, mais bel et bien de plusieurs et que le pluriel s'impose), L'Express nous révèle sa sélection par l'intermédiaire de Jérôme Dupuis, Éric Libiot, Marianne Payot et Delphine Peras. Le plus contradictoire dans cette sélection, est que le meilleur des ouvrages présentés n'est peut-être pas un polar (ni un roman noir, ni un thriller...), mais la biographie d'Elmore Leonard par Laurent Chalumeau ! Le romancier français, ancienne plume d'Antoine de Caunes à Canal+, n'a jamais caché son admiration pour l'un des meilleurs stylistes américains avide de détails sociétaux qui tuent. Placé dans la catégorie des auteurs de genre, celui qui avait eu le sacrilège d'écrire des romans western s'est éteint dernièrement. Laurent Chalumeau s'était déjà fendu d'un brillant article nécrologique dans la revue 813.
    Sinon, force est de constater que cette sélection répond à deux critères. Premièrement, des romans classiques d'auteurs confirmés (Dominique Sylvain, Michael Connelly, Pascal Dessaint, Don Winslow) qui ont ou non leur place ici. Mention spéciale à Don Winslow dont le roman est assurément l'un des plus mauvais qu'il a écrits. Deuxièmement, des maisons d'édition ou des collections qui doivent être poussées en avant au nom - peut-être - de l'originalité avec là aussi une réussite variée. Ainsi Catherine Bessonart ("L'Aube noire") et Dolores Redondo ("Mercure noir") offrent des romans qui ne sont pas inintéressants du tout. Tout comme Thomas Bronnec et ses Initiés (mais la "Série noire" de Gallimard n'a pas besoin d'être mise en avant ; elle pourrait cependant concourir au prix de la couverture qu'il ne faut pas faire). On regrettera l'absence d'ouvrage des éditions Métailié (surtout, mais d'autres comme Asphalte auraient mérité de placer un titre cubain ou pas !).
    Il y a beaucoup à dire sur les raisons et les pourquoi d'une sélection, voire d'un prix littéraire. Mais comme d'habitude, c'est à chacun de faire son choix (à partir d'autres choix ou non...). Dans le doute, demandez à votre libraire !

    Sélection 2015 de L'Express des 12 polars à lire sans plus tarder :
    - De chair et d'os, de Dolores Redondo (Mercure de France, "Mercure noir") ;
    - Dans la ville en feu, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente...") ;
    - Elmore Leonard : un maître à écrire, de Laurent Chalumeau (Rivages, "Écrits noirs") ;
    - Les Roses noires, de Jane Thynne (Jean-Claude Lattès) ;
    - Les Réponses, d'Elizabeth Little (Sonatine) ;
    - Aqua tumulta, de Pierre Caron (Recto verso) ;
    - Une valse pour rien, de Catherine Bessonart (L'Aube, "L'Aube noire") ;
    - L'Archange du chaos, de Dominique Sylvain (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes") ;
    - Le Chemin s'arrêtera là, de Pascal Dessaint (Rivages, "Thriller") ;
    - Missing : New York, de Don Winslow (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Coup de chaud à la Butte-aux-cailles, d'Yves Tenret (La Différence, "Noire") ;
    - Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série noire").
    Liens : Missing : New York |Les Réponses |Une valse pour rien |Elmore Leonard |Michael Connelly |Laurent Chalumeau |Dominique Sylvain |Pascal Dessaint |Don Winslow |813 | Quais du Polar

Enquête sur un monde qui disparaît

Walter qui boit un peu trop a été chassé de son boulot, de chez lui par sa femme et squatte chez César, une vieille connaissance. Si cela ne suffisait pas à lui mettre le moral en berne, ses rares amis trépassent les uns après les autres. Alors, il passe son temps, entre deux petits travaux au noir et des petits magouilles, à déambuler dans le quartier parisien de la Butte-aux-Cailles. On parle beaucoup de la gentryfication ou de la boboïsation de Paris, mais ce quartier, lui, évolue différemment. Ce sont surtout les Chinois qui s'y installent, et les cafés ferment à mesure que s'ouvrent des salons de massage. Toute cette vie simple et contemplative de Walter va s'écrouler le jour où des truands attaquent à la mitraillette un salon de massage, situé juste en face de son café préféré. Walter découvre alors que son ami César joue un jeu trouble : est-il lié aux triades chinoises ou est-il juste un client des masseuses ? Pourquoi donne-t-il des rendez-vous discrets avec certains policiers ? Parce qu'il est un indicateur de police ou parce qu'il est chargé de leur transmettre les enveloppes remises par les parrains asiatiques ? L'enquête, menée de manière un peu molle car Walter est constamment préoccupé par l'absorption de diverses boissons toutes les plus alcoolisées les unes que les autres, par le besoin de gagner deux-trois petites pièces ou parce que la sieste s'impose.
C'est surtout cette description, hommage discret aux romans du regretté Michel Lebrun, des derniers "Parisiens populaires", ce reste de mythologie des acteurs de second plan du cinéma français qui hantent les films de Marcel Carné, entre tenue du zinc et bal musette, que le roman tient la route. La description d'un Paris qui disparaît petit à petit entre les brassages de population, les promoteurs immobiliers et "l'hygiénisation morale" de notre société. Yves Tenret doit également être un magicien, c'est-à-dire un homme qui sait détourner l'attention du lecteur vers des éléments accessoires pour masquer sa vraie intrigue. Au bout du compte, si l'on découvrira un assassin et des crimes restés sans solution policière, ce ne sera pas dans cette fusillade éclatant au cœur du livre, mais dans une autre histoire qui a couru, sans que l'on ne s'en rende compte, tout au long du livre. Coup de chaud à la Butte-aux-Cailles est donc à conseiller plutôt aux amateurs d'Antoine Blondin, aux amoureux des photos de Robert Doisneau, aux films de Marcel Carné ou de Jean Renoir, bref aux lecteurs qui aiment à se plonger dans des romans d'une certaine qualité française.

Citation

On aurait dit que ce branleur tirait gloire de ses étourderies, de sa distraction continuelle, comme s'il prenait un malin plaisir à bousiller stupidement les rares besognes qu'on lui confiait.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 14 septembre 2015
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page