Les Cœurs déchiquetés

C'était la ville facile, la briseuse de cœurs. La Nouvelle-Orléans, où ils enterraient les morts au-dessus du sol, où les guides touristiques recommandaient de marcher en groupe, où tout coulait en douceur, comme dans du beurre, où quand vous jouiez à pile ou face, la pièce retombait neuf fois sur dix du bon côté.
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jeudi 28 mars

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Roman - Policier

Les Cœurs déchiquetés

Tueur en série - Énigme - Enlèvement MAJ lundi 14 septembre 2009

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Hervé Le Corre
Paris : Rivages, mai 2008
382 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 9782743619695
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 31/08 Édition: Parutions de la semaine - 31 août
    Cette fois, ça y est, nous sommes en plein dedans. Pour ceux qui n'auraient pas compris, je veux parler de la rentrée littéraire. Les parutions sont de plus en plus en nombre, et l'on découvre au hasard des titres d'ouvrage quelques surprises de taille. D'abord que Dantec propose une suite à son Babylon Babies, et qu'il a quitté pour l'occasion Albin Michel pour rejoindre les toutes nouvelles éditions Ring avec à leurs commandes David Kersan épaulé littérairement parlant de Raphaël Sorin. On découvre pour l'occasion que Stéphane Bourgoin y dirige deux collections qui sont "Ring noir" et "Murder ballads".
    Le roman de la semaine et au moins du mois, si ce n'est plus, est à aller chercher chez Rivages. Il s'agit de Dernière nuit à Montréal de la Canadiene Emily St. John Mandel. Lisez notre chronique pour comprendre pourquoi nous l'aimons. Parmi les curiosités, à n'en pas douter, le nouvel opus de Nicolas Bouchard chez Asgard (point de tromperie, nous aimions déjà Nicolas Bouchard chez Après la lune, le fait qu'il soit publié tout comme Jan Thirion dans la collection "Zones d'ombre" de notre k-libriste Thomas Bauduret ne rajoute rien si ce n'est de la qualité au risque d'être traité de vil flagorneur).
    Le reste, bien sûr, est à découvrir (ou pas...), notons que Le Masque continue de rééditer Agatha Christie dans une traduction révisée ou nouvelle. Quatre pour cette fournée qui nous éloigne d'Hercule Poirot. Et que Rivages ressort en poche Les Corps déchiquetés, d'Hervé Le Corre.
    Voilà donc de (mal)saines lectures en attendant de voir ce que la semaine prochaine nous réserve !

    Grand format :
    Ceux qui règnent dans l'ombre, de Nicolas Bouchard (Asgard, "Zones d'ombre")
    Le Dernier vol des frelons, de Michel Brouard (Mon village, "Roman")
    L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran)
    Fusion froide : l'autre histoire du groupe AZF, de Patrick F. Cavenair (L'Aube, "Regards croisés")
    Le Département de français, de Murielle Lucie Clément (Édilivre, "Coup de cœur")
    Satellite sisters, de Maurice G. Dantec (Ring)
    Les Pendus de Tire-Bœuf, de Pascal Daval (Galipote)
    Boum Julie, d'Alain Declercq (Janninck)
    La Persévérance du jardinier, de Marie-Hélène Ferrari (Clémentine, "Soleil noir")
    La Clique dorée, d'Émile Gaboriau (Pascal Galodé)
    Filiation mortelle, de Cyriac Guillard (Noir'éditions)
    Mauvais sang, de Manfred Kastrop (Les Nouveaux auteurs, "Thriller")
    Dans le jardin de la bête, d'Erik Larson (Le Cherche midi, "Thriller")
    Dominance, de Will Lavender (Michel Lafon)
    le Cri de l'ange, de C. E. Lawrence (Pôle noir)
    Sous la manche, de Gilles Pétel (Stock, "Bleue")
    Les Nénuphars empoisonnés, de Jean-Louis Poirey (Citron bleu, "Série noire")
    Ne jamais dire jamais, de Sara Shepard (Fleuve noir, "Territoires")
    Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandel (Rivages, "Thriller")
    Les Poissons aux longues jambes, de Depal Stermans (L'Harmattan, "Lettres du Pacifique")
    Les Anneaux de la honte, de François Thomazeau (Archipel, "Cœur noir")
    La Dernière confession, de Charles Todd (City, "Thriller")
    Génération maudite, d'Anton Tramp (Édilivre, "Coup de cœur")

    Poche :
    La Fille du Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir")
    Lauragais morgue plaine, de Jean-Marie Calvet (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
    Moody Blues, d'Yves Carchon (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
    Associés contre le crime... d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    La Maison biscornue, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Passager pour Francfort, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Témoin muet, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    L'Enquête, de Philippe Claudel (LGF)
    La Guérisseuse, de Géraldine Jaujou (J'ai lu, "Policier")
    Rendez-vous dans le 18e, de Jake Lamar (Rivages, "Noir")
    Les Corps déchiquetés, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir")
    Green War, de Jean-Marc Ligny (Lokomodo, "Zones d'ombre")
    En mémoire de la forêt, de Charles T. Powers (Pocket, "Best")
    L'Égorgerie de la Rance, d'Éric Rondel (Astoure, "Breizh noir")
    Caresser les chiens morts, de Jan Thirion (Lokomodo, "Zones d'ombre")
    Mortelle Jamaïque, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
    La Maison du loch, de Patricia Wentworth (10-18, "Grands détectives")
    Liens : Dernière nuit à Montréal |Les Anneaux de la honte |Green War |Témoin muet |Ceux qui règnent dans l'ombre |Caresser les chiens morts |Stéphane Bourgoin |Nicolas Bouchard |Agatha Christie |Maurice G. Dantec |Émile Gaboriau |Manfred Kastrop |Jake Lamar |Hervé Le Corre |Emily St. John Mandel |Jan Thirion |François Thomazeau

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Deux solitudes qui se rencontrent

Comme un écho au roman de Pierre Hanot, Les Clous du fakir, chroniqué en ces pages il y a quelques mois, Les Cœurs déchiquetés vient à son tour, mais dans un style tout autre, traiter le thème de la perte d'un être aimé. Mais là où Hanot nous menait dans les pas du père de la victime, Hervé Le Corre choisit de croiser deux parcours : celui du commandant Vilar qui vit dans l'espoir de retrouver son fils kidnappé quelques années plus tôt et dont la disparition – est-il utile de le préciser ? - laisse une blessure à jamais béante, et celui de Victor, gamin de treize ans dont la mère a été assassinée violemment. Les cœurs déchiquetés, ce sont eux bien sûr : l'inspecteur qui vit tel un zombie, "sans y penser, seulement mû par la nécessité de se mettre en état de marche pour une journée de plus", et Victor qui se figure être "le survivant d'une catastrophe à laquelle le sommeil [l'a] fait échapper". Deux solitudes qui se confrontent à l'absence et à l'immensité du vide.
En une écriture sèche comme les cœurs dont il traite, Hervé Le Corre dresse un sombre tableau de l'humanité, la montrant sous son aspect le plus vil, lorsqu'elle se révèle capable de briser ses enfants et par là, l'espoir et son propre avenir. Reclus dans leur douleur, les personnages des Cœurs déchiquetés semblent ne plus croire en rien : "Personne ne peut rien pour autrui d'une façon générale" est le constat pessimiste fait par Vilar. L'auteur bordelais nous raconte leur naufrage, au sens propre comme au figuré, et avec eux nous sombrons dans la noirceur la plus dense à la lecture de ce roman. À plusieurs reprises, avec habileté et élégance, l'auteur fait d'ailleurs référence à Moby Dick d'Herman Melville, ouvrage figurant parmi les favoris de Victor. La scène finale qui se déroule sur l'estuaire de la Gironde est un parallèle avec l'épilogue du roman de Melville dont le héros est retrouvé après le naufrage, agrippé au cercueil de son ami le harponneur. On rappellera ici les derniers mots de Moby Dick : "Retournant en arrière pour chercher toujours ses enfants perdus, elle ne recueillit qu'un autre orphelin." Souhaitons à l'orphelin des Cœurs déchiquetés, Victor, prénom prédéterminant, de garder en tête les premières lignes du chef-d'œuvre de Melville ; elles sont parmi les plus belles que la littérature ait fournies. Les Cœurs déchiquetés vient confirmer le talent d'Hervé Le Corre qui, par ce septième roman, poursuit la construction discrète d'un œuvre solide. L'auteur se situe parmi les meilleurs romanciers de la littérature noire en France aujourd'hui, position que le grand prix de la Littérature policière de 2005 avait déjà affirmée en honorant L'Homme aux lèvres de saphir, roman publié également chez Rivages.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°38 |813 n°105 |La Tête en noir n°141

Récompenses :
Grand Prix du roman noir français du Cercle rouge 2010
Prix Mystère de la Critique 2010

Nominations :
Prix SNCF du polar français 2010
Prix Nouvel Obs BibliObs du roman noir français 2010
Prix des Lecteurs Quais du Polar 2010

Citation

Personne ne peut rien pour autrui d'une façon générale.

Rédacteur: Jean-Claude Lalumière jeudi 13 décembre 2012
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