L'Inspecteur Sadorski libère Paris

Dans un meurtre, vaut mieux être le meurtrier que la victime... Surtout quand la victime aurait rapidement été votre meurtrier.
Gaet's & Julien Monier - RIP. 6, Eugène : toutes les bonnes choses ont une fin
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 18 avril

Contenu

Roman - Policier

L'Inspecteur Sadorski libère Paris

Historique - Social - Guerre MAJ mardi 14 septembre 2021

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Romain Slocombe
Paris : Robert Laffont, août 2021
650 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-24837-9
Coll. "La Bête noire"

Actualités

Le prix de la liberté

Pour l'inspecteur Léon Sadorski, les choses ne se sont pas vraiment déroulées comme prévues. Dénoncé à tort comme résistant à l'issue de La Gestapo Sadorski, le chasseur de juifs croupit à la prison de la Santé en compagnie des détenus de droit commun. Lâché par ses supérieurs, oublié de tous, l'ex-champion de la Préfecture de Police de Paris n'a même pas pu voir son fils illégitime né de sa brève étreinte avec une jeune juive. Déprimé, perdu, Sadorski accepte donc volontiers l'offre inespérée qui lui est faite : sortir de prison pour accompagner, sous une fausse identité, un ancien ministre dans un transfert à haut-risque à Vichy. Mais ne l'a t-on libéré que pour le faire assister à l'assassinat de celui-ci ? Et s'agit t-il d'une vengeance de la milice ou d'un meurtre politique commandité en haut lieu ? Alors que les troupes alliées se rapprochent de la Capitale et que les jours de la collaboration sont comptés, le temps de l'épuration arrive et Sadorski aura fort à faire pour tenter de survivre à la Libération de Paris. Mais à quel prix ?

Entamée il y a cinq ans avec L'Affaire Léon Sadorski, la pentalogie de Romain Slocombe consacrée à la période de l'Occupation vue à travers les yeux d'un antihéros flic, magouilleur obsédé et antisémite arrive avec son terme avec ce dernier volume située durant la Libération de Paris. Reprenant quelques mois après la fin du quatrième tome qui voyait Sadorski jeté en prison pour faits de résistance (un comble, quand on considère son parcours édifiant au service du régime de Vichy), cette ultime aventure embourbe son protagoniste dans les tourments d'une rédemption impossible. Humilié, torturé, aussi bien physiquement que psychologiquement, Sadorski plonge d'abîme en abîme au fil d'un récit qui est pour Romain Slocombe le moyen de dresser, avec une impressionnante précision documentaire, le parcours d'une société française guère glorieuse, où les tortionnaires, dénonciateurs et trafiquants d'hier se découvrent soudainement résistants, où tous les mensonges, toutes les compromissions sont possibles et tolérées devant la débandade d'une armée allemande qui fuit Paris. S'appuyant sur des recherches très poussées, Romain Slocombe fait revivre, de l'intérieur, ces jours troublés, et nous immerge profondément dans le quotidien des Parisiens de l'époque. Entre coupures de presse, saynètes finement décrites et personnages attachants, on vit au rythme des rafles, des pénuries, des libertés retrouvées (une Marseillaise qui éclate spontanément, une baignade "volée" dans la Seine), une promenade à vélo sur les boulevards, autant d'instants précieux d'une ville qui s'éveille enfin, et veut oublier (sans doute un peu vite), ses torts d'hier. Et à travers Sadorski et son regard de témoin, Romain Slocombe raconte ces égarements, ces zones d'ombre que l'Histoire voudrait masquer. Des gestapistes parisiens aux profiteurs de guerre, des miliciens sadiques aux petits truands collabos, tout le monde passe à son tour sous les projecteurs de l'auteur au fil d'une descente aux enfers profondément nihiliste qui ne laisse que peu d'espoir en l'humanité. Et si, porté par une reconstitution historique passionnante de bout en bout, Romain Slocombe en vient à négliger peu à peu les éléments purement criminels, finalement simples accidents d'une Histoire en train de s'écrire, c'est avec un impressionnant souffle épique qu'il clôt, dans la noirceur la plus totale, un des plus beaux cycles du polar contemporain.

Citation

Si encore il se trouvait dans une cellule de résistants. Des vrais. Il pourrait nouer des contacts, se créer des relations utiles pour l'après-guerre. Ou bien - l'un n'empêchant pas l'autre - les dénoncer, jouer les 'moutons', négocier en échange un aménagement de peine avec la Justice.

Rédacteur: Jean-François Micard vendredi 11 mars 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page