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Un commissaire iconoclaste
Amédée Mallock est commissaire de police. Policier atypique, il fonctionne beaucoup à l'instinct, se reprochant de n'avoir rien pu faire lors de la mort de son fils. Il doit alors retrouver le Maquilleur, un tueur en série, lui aussi particulier. Il drogue ses victimes afin qu'elles soient conscientes des tortures qu'il leur inflige. Il les maquille et leur donne des poses "artistiques" qu'il photographie. L'enquête est ardue, surtout lorsqu'arrive un policier américain qui a travaillé sur le même tueur en série. Or il commettrait ses crimes depuis les années 1930 !
Mallock est un artiste multi-carte qui tient un blog et a décidé de créer une série sous le titre "Chroniques barbares". Pour cette introduction dans le genre, il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Un tueur en série particulièrement sauvage et aux motivations surprenantes ; un policier qui est au bord de la folie perpétuelle ; une enquête qui emprunte aux pistes théologiques : comme le titre l'indique, le roman traite de la possibilité de dessiner le véritable portrait de Dieu ; des scènes parfois dures à supporter (même si l'on se pose des questions sur la façon dont le criminel peut garder pendant des heures ou des jours du sang liquide).
Mais Mallock sait construire une histoire, faire monter la mayonnaise pour que le lecteur suive avec attention les péripéties (lorsque se dévoile le tueur on se dit qu'effectivement la piste était donnée mais que les doutes ont été détournés) et les affres de son commissaire (l'idée de créer plusieurs volets laisse cependant planer des zones d'ombre sur le passé exact du policier). Au fil des pages, le texte s'accélère grâce à des retours en arrière bien négociés.
Le roman sait suggérer sans entrer dans les détails comme lorsque dans une longue scène qui développe un acte particulièrement horrible, celui d'un empalement, les policiers se trouvent face à une version du meurtre en chambre close, et c'est bien par les déductions pour comprendre le mode opératoire que nous accédons au cadavre. Du coup, le choc n'en est que plus violent alors que la scène elle-même n'est que suggérée.
Les Visages de Dieu, par ses côtés étranges et envoutants, à l'instar d'une intrigue qui joue sur le mystère et n'utilise pas toutes les ficelles du blockbuster serial killer, captive. Cette nouvelle série annoncée démarre vraiment bien...
Citation
Mallock songea à un enfant pervers arrachant les pattes d'un insecte tout en veillant à le maintenir vivant le plus longtemps possible. Pour rire.