Contenu
Poche
Réédition
Public averti
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Mathieussent
Paris : 10-18, janvier 2011
204 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05179-0
Coll. "Domaine policier", 4409
Deux cents pages à l'heure
Qu'est-ce qui peut bien pousser Jimmy Luntz, truand à la petite semaine, à tirer une balle dans la cuisse de Gambol, un bon gros truand à l'ancienne ? L'instinct de survie ? Peut-être, mais alors pourquoi ne l'achève-t-il pas ? C'est ce qu'on ne peut s'empêcher de se demander tant l'acte semble être un suicide à plus ou moins brève échéance. Quand Luntz rencontre Anita, jeune femme portée sur la boisson et arnaquée par son mari dans une histoire de détournement de fonds, on se dit que les deux font la paire et semblent parfaitement assortis pour s'attirer les problèmes. Ils trouvent d'ailleurs refuge chez d'anciennes connaissances à lui qui ne lui veulent pas que du bien. De son côté, Suarez qui n'est autre que le chef de Gambol, semble bien décidé à ne pas laisser la provocation impunie.
Personne bouge se situe entre le road movie au casting de losers et le policier "tous pourris" qui fait la part belle aux petites frappes. Des mecs qui n'hésitent pas à tirer, à fanfaronner, à voler des bagnoles de luxe et à faire les mauvais choix - à faire systématiquement les mauvais choix devrait-on ajouter. C'est même ce qui fait le charme de ce livre très court. On est loin de la morale, et le style percutant des dialogues, le rythme de la narration et les personnages particulièrement réussis (Mary l'infirmière qui a fait l'Irak, Anita la jeune femme portée sur la boisson, la gâchette et les karaokés, Gambol qui ne rêve que de morphine et des jambes de son infirmière...) donne à la lecture de ses deux cents pages une sensation de vitesse et de violence qui se reçoivent comme une bonne gifle appliquée du revers de la main. On en ressort un peu groggy, un peu décoiffé, mais on tendrait bien l'autre joue.
Citation
Tu parles, Charles. Regarder deux mecs bouffer tes couilles, c'est pas exactement gagner. Si tu veux mon avis, ça ressemble comme à deux gouttes d'eau à perdre.