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Rouge est ma couleur
Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Casterman, septembre 2011
82 p. ; illustrations en couleur ; 26 x 19 cm
ISBN 978-2-203-03616-1
Coll. "Rivages/Casterman/noir"
Détachant urbain
Marc Villard n'a pas son pareil en France pour décrire dans de courts récits la saleté qui jalonne les villes. S'il fallait user d'un raccourci non éhonté, on pourrait d'ailleurs rapprocher ses romans de ceux de David Goodis tant l'urbain est au cœur des intrigues des deux auteurs. Jean-Christophe Chauzy ne s'y est d'ailleurs pas trompé au moment d'adapter en bande dessinée Rouge est ma couleur, car c'est la ville qui a le droit à toute une palette de couleurs débordantes voire dégoulinantes. Le reste n'est qu'une succession de bichromie ou de monochromes dans un découpage ingénieux où les personnages, tous aussi moches les uns que les autres, passent par toutes les positions.
Les amateurs de Marc Villard n'arpenteront aucun terrain inconnu avec cette bande dessinée tirée du roman éponyme de 1996. La dope, la musique, le désenchantement, la guerre des polices, les conflits familiaux pullulent. Dès le début, c'est d'ailleurs un sacré galimatias. David Nolane (on dénombre également un Robicheaux et un Montalban), flic déconfit de son état est en planque avec son second. Ce second qui baise la femme de Nolane va se faire baiser par un indic ripoux qui l'assaisonne au moment d'un flag. Nolane qui aimait son second est plus désespéré par sa perte que par la fuite de sa femme, qui a au moins un avantage : le retour au bercail de sa fille qui se fait soigner dans une clinique privée pour désintox (ce qui ne l'empêche pas d'avoir sa dose moyennant une petite pipe).
Évidemment, David Nolane va partir en croisade, évidemment, on va lui mettre des bâtons dans les roues. Dans le même temps, sa fille tente de s'en sortir, mais elle va être cruellement malmenée par la plume de Marc Villard, qui nous rappelle alors que la vie est crade, et que les principes indiens ont leur limite. C'est ce marathon de la vie avec ses accélérations et ses décélérations, que Chauzy dépeint merveilleusement avec un style qui lui est propre tout en symbolisant la parfaite harmonisation qui lie ces deux compères-témoins de la connerie de la vie, et de ses paradis bêtement artificiels. L'association allait de soi...
Illustration intérieure
Vrais truands, accro en détresse. Rupture totale dans l'image et dans l'esprit.
Citation
David Nolane et Carl Weissner, section stups du 18e arrondissement, patientent, comme seuls les flics savent le faire, dans une Clio banalisée.