Limousines blanches et blondes platines

Moi, je lui parlais toujours gentiment. Quand je lui reprochais quelque chose, c'était d'une voix douce. Je pensais qu'il avait besoin d'avoir quelqu'un de son côté.
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Roman - Noir

Limousines blanches et blondes platines

Social - Drogue MAJ jeudi 29 mars 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format

Tout public

Prix: 19 €

Dan Fante
86'd - 2010
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Aronson
Puzol : 13e Note, mai 2010
272 p. ; 18 x 14 cm
ISBN 978-84-936975-8-7

Actualités

  • 09/04 Café littéraire: Dan Fante monte en l'air parisien
    Les amateurs de la maison d'édition 13e Note connaissent bien Dan, fils de John, Fante pour avoir lu ici et là nouvelles, chroniques et romans. Cet ancien alcoolique (les auteurs de la maison sont tous des repentis) fait actuellement un séjour en France, qui l'a conduit entre autres aux Quais du polar lyonnais. Nous avons eu le plaisir dernièrement de chroniquer Limousines blanches et blondes platines, mais c'est pour la parution de son dernier opus, Dommages collatéraux, l'héritage de John Fante qu'il sera présent au Monte-en-l'air (71, rue de Ménilmontant/2, rue de la Mare - 75020 Paris) le jeudi 12 avril à partir de 19 heures.
    Au programme de cette soirée de lancement : lectures croisées avec Alex Rossi, ainsi que l'inévitable mais recommandable séance de dédicaces. Le même soir, la maison d'édition promeut également la publication inédite de Shakespeare n'a jamais fait ça, de Charles Bukowski. Un autre éternel repenti...
    Liens : Dan Fante |Quais du Polar

Cigarettes, whisky et grosses emmerdes

Dans la famille Fante, il y avait le père, écrivain et scénariste à Hollywood, auteur du célèbre Demande à la poussière. Il y a aussi le fils, Dan, un type qui a de la bouteille, au double sens du terme, alcoolique repenti et écrivain proche de l'univers déjanté de Hubert Selby Junior et de Tony O'Neill. Après six livres traduits en France, dont trois publiés par 13e Note, voici le septième, Limousines blanches et blondes platines, dont l'action se situe pour l'essentiel à Los Angeles, dans le milieu des paillettes, de l'argent facile et de la came.
Bruno Dante, écrivain obscur refusé par des maisons d'édition, se fait engager par un certain David Koffmann qui tient une boite de chauffeurs de luxe. Comme l'écrit Bruno : "être chauffeur de limousine à L.A. est une drôle de façon de gagner sa vie. Un peu comme bouffer de la merde au cul d'un chien, pour faire plaisir à Dieu le Père". Bref, c'est loin d'être une sinécure, surtout quand on est alcoolo comme Bruno, accro aussi aux médocs, et qu'on essaye de cacher tout ça à son patron pour essayer de se faire une petite place au soleil...
Du monde, Bruno en voit passer dans sa Lincoln blanche customisée : producteurs, bimbos siliconées, rappeurs et stars du rock, rien que des frimeurs bourrés aux as et qui ont toujours un rail de coke dans le nez. Dans la boite de Koffmann, on y croise aussi Portia, secrétaire anorexique et obsédée par le cul, qui aime humilier Bruno ; un comptable bien propre sur lui, qui hante les toilettes publiques et fréquente les travelos ; et d'autres silhouettes fascinées par le sexe et le fric. Bruno, lui, aimerait bien être enfin publié. Des producteurs s'intéressent à son recueil de nouvelles, mais c'est pour en faire autre chose, c'est-à-dire de l'argent, et Bruno dit non. Heureusement, au gré de ses pérégrinations de chauffeur de luxe, il va rencontrer J.C., une vieille dame très digne, ancien professeur de littérature et qui a connu un autre Hollywood, celui de Catherine Hepburn et de Spencer Tracy. J.C. prend Bruno en amitié ; il va même connaître Che-Che, sa petite fille, un top-modèle touchant de grâce et de gentillesse. Comme quoi, à L.A., il y a encore un monde civilisé...
Limousines blanches et blondes platines, sous son titre un peu trompeur de polar des années 1950, est un livre dense, chaleureux, désespéré, parcouru par un humour ravageur qui donne envie de rire et de pleurer. On ne ratera pas certains morceaux d'anthologie, qu'il s'agisse des lettres imaginaires envoyées à Bill Gates ou à une certaine princesse Makeba Urabe, ou bien encore de la scène où ce pauvre Bruno, victime de la vengeance de Portia, se réveille un beau matin avec la bite... collée à la Super Glue. Et puis il y a aussi, à certains moments du livre, des portraits touchants de citoyens anonymes, pauvres types, caissières de supermarché, etc., des gens qui vivent en dehors du système et pour lesquels Bruno a une véritable empathie. Voilà un grand livre. Un de ceux qu'on a envie de faire connaitre autour de soi. À lire d'urgence, avec un verre à portée de main !

Citation

J'ai compris que j'avais en fait envie de mourir. L'idée était simple et me trottait dans la tête. J'étais fatigué : crevé par mes obsessions sans fin, mon cerveau ruminant sa douleur et le vide absurde qui remplissait ma vie dénuée de sens. La mort serait un soulagement. Et aujourd'hui serait un bon jour pour crever.

Rédacteur: Pascal Hérault lundi 26 mars 2012
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