Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Les portes des pénitentiers
Planète évadés est l'un des titres d'une sous-collection des éditions de la Manufacture des livres spécialisées dans les documentaires sur le monde du crime et plus particulièrement les truands. On y trouve aussi Planète serial killers de Loetitia Nathan, Planète complots, de Guillaume Lebeau et Planète mafias de Stéphane Quéré. Les maquettes, signées par le graphiste indépendant Loïc Vincent de l'agence 2visudesing ont un petit parfum de manuel politique anarchisant des années 1960 tels ceux qui furent publiés dans la collection "Liberté" chez Jean-Jacques Pauvert. Mais c'est une fausse piste : l'ambiance étant plus à l'énumération qu'à l'analyse.
Franck Sénateur, chercheur, spécialiste en histoire pénitentiaire et président de l'association Fatalitas à l'origine du site bien documenté bagne-guyane.com, privilégie la facilité de lecture. Hormis quelques remarques personnelles, il ne se livre à aucune analyse et reste centré sur les faits dans un style très abordable qui n'est pas sans rappeler les commentaires de reportages TV grand public. Or, raconter comment on s'évade de prison, même si, à chaque fois, les circonstances sont différentes, s'avère un défi littéraire ardu quand on doit répéter le schéma dix-huit fois dans autant de textes. Franck Sénateur, nous lance dans un tour du monde des prisons dont quelques uns se sont échappés. Des évasions en masse en Afrique, à Jean-Pierre Treiber se cachant dans un grand carton de son atelier de prisonniers, nous découvrons les mille et une astuce de ces hommes qui n'ont qu'un rêve : celui de retrouver la liberté. Turquie, Chine, USA, Australie, Belgique, Mexique, Suisse, Russie et surtout France sont au sommaire.
De la répétition naît une impression de catalogage qui se trouve un peu atténuée par les prisonniers français (Antonio Ferrara, Michel Vaujour, François Besse) qui bénéficient, eux, d'articles plus fouillés sans doute parce que l'auteur avait plus de documentation. Le chapitre sur Michel Vaujour, par exemple, détonne par son écriture qui ménage plus de suspense en variant les points de vue. Bref, il manque un peu un fil conducteur d'écriture à l'ouvrage. Restent de bonnes séquences comme celle de la détermination de Nadine, qui épouse Vaujour en prison en 1980, se fait breveter pilote d'hélicoptère en 1983 pour faire évader son mari d'une façon rocambolesque en 1986. Comme quoi l'évasion est un travail de longue haleine.
Citation
En faisant du ménage chez une relation de Michel, elle repousse machinalement un tas de revues d'aviation. Les avions ça fait toujours rêver, alors elle en feuillette une au hasard et s'arrête brusquement sur une petite annonce encadrée : 'Devenez pilote d'hélicoptère !'