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Déjeuner sous l'herbe
Grand format
Inédit
Tout public
Cène de crime
Dans les années 1980, plusieurs projets de consigner l'air du temps s'étaient mis en place. Il s'agissait de choisir des objets, de concocter des messages et de les enterrer dans des coffrets hermétiques afin de laisser une trace pour les générations futures. Il y eut même des tentatives "artistiques". Samuel Cassian, par exemple, avait créé un déjeuner dans le parc de La Villette puis enterré les restes du pique nique. Vingt ans plus tard, lorsqu'il est procédé à une exhumation de l'œuvre d'art afin de regarder son état, ne voilà-t-il pas que l'on découvre sur une chaise un cadavre. Très vite, l'enquête montre qu'il s'agit du fils de l'artiste disparu depuis cette époque.
Déjeuner sous l'herbe (comme beaucoup de romans actuels un peu formatés pour l'adaptation télévisée) tourné autour de l'art (auriez-vous manqué l'allusion au tableau d'Édouard Manet, le fameux Déjeuner sur l'herbe, peint dans les années 1862-1863, qui fit scandale en son temps ?), c'est avec humour que Frédérique Molay introduit Jack Lang, personnalité emblématique des milieux artistiques. Un humour et une ironie douce autour de la période qui contraste avec la noirceur des crimes, car l'exhumation du mort réveille un tueur en série. L'enquête de facture très classique, ponctuée d'informations factuelles sur l'art, les méthodes policières ou judiciaires, sur l'architecture ou l'histoire de La Villette, essaie de retrouver ce qui se cache derrière la mort du fils des années plus tôt car Nico Sirsky, le commissaire chargé de l'affaire, déjà à pied d'œuvre dans Dent pour dent, se doute bien qu'il y a un rapport de causalité très étroit avec le coupable qui est actuellement en train de déchiqueter de jeunes homosexuels dans les rues de Paris.
L'intérêt principal de l'intrigue de Frédérique Molay dans ce Déjeuner sous l'herbe réside dans ses emmanchements : d'un côté l'enquête actuelle et de l'autre celle concernant le passé ; d'un côté la course contre la montre pour découvrir un assassin et de l'autre la mort à l'œuvre sur la propre mère du héros. En se concentrant autour d'un commissaire d'origine russe et orthodoxe, une pointe d'exotisme et de nostalgie de sa jeunesse se détache pour contrebalancer la noirceur de la trame. En revanche, le retour sur le jeunesse des suspects dans les années 1980 ne donne lieu à aucun élément de mélancolie. Mais l'ensemble donne un bon roman policier. La Villette, nous voilà !
Citation
Une morsure aurait fait l'objet d'un écouvillonage, voire d'un moulage. L'écouvillonage consistait à prélever un échantillon de salive et de tissus à l'aide d'une petite brosse, permettant de récupérer l'ADN de l'agresseur.