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Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Alexandra Carrasco-Rahal
Arles : Actes Sud, mars 2012
188 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-330-00514-6
Coll. "Actes Noirs"
Trois petits vautours et puis s'en vont
Lorsqu'un héros rencontre, dès les premières lignes d'un roman noir, trois vautours en train de déchiqueter une brebis, il devrait se méfier. Surtout si le romancier est uruguayen. Si la situation lui semble normale, c'est soit qu'il est peu observateur, soit qu'il est particulièrement naïf. Force est de constater que Javier, le protagoniste principal de ce Trois vautours, de Henry Trujillo, est un éternel innocent car il décide de gagner un peu d'argent en faisant traverser la frontière à une voiture volée pour obtenir de quoi repartir du bon pied dans la vie. D'autant plus qu'au cours de ce périple il rencontre une femme aussi jeune et belle que garce, un garagiste un peu escroc, des truands de tout poil et un alcoolique sur lequel il s'apitoie.
Le roman décline avec tendresse l'itinéraire de Javier. Dans un roman noir, on aurait pu s'attendre à ce que ce personnage tombe de Charybde en Scylla, et tout est fait pour car il ne sait pas s'il sera payé pour la voiture volée au terme de son périple. De plus, on veut lui vendre une moto, on lui confisque son passeport pour un obscur truand, il tombe en pleine guerre de succession d'un narcotrafiquant, et il est confronté à de sombres incestes. Pourtant, sa naïveté confondante gangrène le livre et l'auteur qui, du coup, ne veulent pas se débarrasser d'un Javier, finalement très attachant dans sa candeur. Trois vautours oscille entre ces deux pôles : la noirceur de la chute possible et l'optimisme de son personnage. De même que, lorsqu'il traverse la frontière, de nuit, il est brinquebalé entre les cailloux des rivières à sec et les fondrières. La voiture en ressort, est certes un peu cabossée, mais prête pour de nouvelles routes. Javier aussi...
Citation
Tu ne risques pas d'avoir froid. Je vais te laisser ici avec une balle dans le crâne.