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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Édith Ochs
Paris : Le Cherche midi, août 2012
654 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-2128-4
Coll. "Thriller"
Témoignage historique accablant
Pour écrire ses livres, Erik Larson, conjugue les règles professionnelles du journaliste d'investigation et celles de l'historien. Il en résulte un ouvrage hybride, un OVNI qui marie la rigueur documentaire à la tension d'un thriller.
Erik Larson a été révélé au public francophone avec Le Diable dans la ville blanche, où il relate, dans le Chicago en plein développement de la fin du XIXe siècle, le parcours criminel de H. H. Holmes, l'un des plus grand serial killer de l'histoire - pour l'instant ! Les éditions du Cherche midi proposent la traduction de Dans le jardin de la bête, un nouvel ouvrage qui nous emmène au cœur du régime nazi, sur les pas de l'ambassadeur des USA, à Berlin, et de sa famille.
William E. Dodd est un homme au parcours banal dont la plus grande ambition est de terminer une histoire du Sud qui a pour titre Grandeur et décadence du Vieux Sud.
Roosevelt, à la présidence depuis six mois, cherche un ambassadeur pour l'Allemagne, mais les diplomates contactés se récusent. Son choix, finalement, se porte sur Dodd, qu'il connait. Ce dernier y voit l'opportunité d'un emploi du temps allégé lui permettant de travailler à sa grande œuvre. Il arrive donc avec son épouse, avec Martha, sa fille de vingt-quatre ans et son fils Bill âgé de vingt ans, le 13 juillet 1933.
L'Allemagne semble un pays calme, même si des ethnies sont l'objet de tracasseries, parfois très violentes. Dodd ne trouve rien à redire. Hitler, qui le rencontre, le convainc de sa volonté de maintenir la paix.
Martha est attirée par le décorum nazi, par certaines idées. Elle fréquente ce milieu et devient la maîtresse de quelques personnalités du régime. Mais, peu à peu, l'ambassadeur ressent un malaise, il prend conscience de la réalité qui se cache derrière le masque de l'idéologie, de l'arrogance de ces dirigeants qui ne respectent que la force. Martha rencontre alors Boris Winogradov, un Russe résidant à Berlin. Elle tombe amoureuse de cet homme qui la persuade d'user de ses relations, de ses charmes... au profit de l'URSS.
Et puis, von Papen, le vice-chancelier prononce un discours qui met en garde contre les fanatiques doctrinaires visant les SA et les SS. Le chancelier Hitler décide d'un coup d'État et dans cette période clé, arrive ce samedi 30 juin 1934 où commence ce que l'Histoire retient comme la Nuit des longs couteaux. Chacun, alors se trouve au cœur d'un jeu mortel...
Ce livre, ce document, cet essai historique relate ce que fut la première année d'ambassade de Dodd, à Berlin, ainsi que le parcours de Martha. Il détaille la prise de conscience de ce dernier sur la réalité du régime. Il n'aura de cesse, alors, de mettre en garde ses supérieurs sur la situation. Il n'est pas fait pour cette sinécure, ne sait pas mentir, ni se mettre à genoux. Il continuera de dénoncer, après son retour aux USA, jusqu'à sa mort en 1940, le danger présenté par ces fous furieux, sur les exactions commises...
Parallèlement, il fait découvrir le visage de dignitaires nazis avec les témoignages de Martha qui les fréquenta de façon approfondie.
Erik Larson n'utilise pour développer son sujet que des bases authentiques. Il a fouillé les archives, s'est imprégné des journaux intimes des principaux protagonistes, a recoupé ces informations pour approcher au plus près de la vérité, pour éliminer les complaisances de certains témoignages. Il a enquêté dans Berlin sur la piste de ses héros.
À travers ce récit, l'auteur montre également des aspects peu reluisants de la société américaine. Il pointe la discrimination de classes dont sont l'objet les gens issus de milieu modeste. Dodd raconte qu'il a dû travailler plus dur que des nantis pour arriver à son poste. Il dénonce, aussi la mainmise des lobbys financiers sur le gouvernement. En effet, lorsque informé des événements de la Nuit des longs couteaux par Dodd, la seule préoccupation du Département d'État était "la dette en souffrance de l'Allemagne envers ses créanciers américains".
Si Le Diable dans la ville blanche avait provoqué un choc littéraire, Dans le jardin de la bête s'inscrit dans la même veine, faisant revivre une partie dramatique de l'Histoire écrite par des "acteurs amateurs". Un remarquable ouvrage.
Nominations :
Prix Plume libre : La Plume du thriller international 2013
Citation
Le décalage était étrange. L'Allemagne était à feu et à sang ; au Département d'État, à Washington, il n'était question que de cols blancs, de crayons rouges de Hull et de la frustration croissante à l'égard de Dodd qui n'avait pas réussi à plaider le dossier des États-Unis.