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Les Derniers forçats : du bagne à l'asile
Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Albache, novembre 2012
220 p. ; illustrations en noir & blanc ; 19 x 13 cm
ISBN 979-10-91013-00-0
Actualités
- 07/12 Édition: Parutions de la semaine - 7 décembre
"Noël en approche, romans en berne !" aurait-on envie de dire, et ce d'autant plus que les romans proposés et qui sont peu nombreux sont loin d'être affriolants. Il y a bien sûr ce Toi de Zoran Drvenkar et cette Maison assassinée de Pierre Magnan, il y a aussi cette Morte des tourbières de Jean-Louis Nogaro et ce Crime du 14 juillet de Pierre Mazet avec un héros dont on peut également suivre d'autres péripéties en un roman-feuilleton sur la toile chaque samedi (cf. sur la page de Pierre Mazet ce Bal tragique à la Bastoche) sans compter les rééditions toujours plaisantes de San-Antonio et Frédéric Dard, mais... Alors pourquoi ne pas se plonger dans les nouvelles toujours délectables ou détestables de Jan Thirion ? Le sinistre individu qui nous propose déjà chaque mardi ses "Ma vie des autres" s'intéresse plus particulièrement à Autant d'ennemis terrassés en autant de nouvelles noires. Quant au reste, il est surtout orienté super-héros (mais notons la présence d'un premier tome intégral de Jazz Maynard) en bande dessinée, et Barbouzes et Gabin en essais et documents cinématographiques...
Fiction adulte grand format :
Toi, de Zoran Drvenkar (Sonatine)
Mort apparente, de Thomas Enger (Le Rocher, "Thriller")
Le Jasmin et l'olivier, de Jean-Pierre Jub (Annickjubien;net)
Commissaire Goupil : meurtre à la croix du Sud, d'Anne Lasserre & André Lasserre (Lacour-Ollé)
Francy, le testament : nouvelle saison, d'Amanda Lind (Les Escales, "Noires")
La Maison assassinée, de Pierre Magnan (Les Éditions retrouvées)
Le Crime du 14 juillet, de Pierre Mazet (Kirographaires)
La Fiancée noire, de Roman Ruka (L'Harmattan, "Présence ukrainienne")
Autant d'ennemis terrassés, de Jan Thirion (Court-lettrages")
Fiction adulte poche :
L'Accident, de Frédéric Dard (Pocket)
L'Espion de Sobek, de Paul Charles Doherty (10-18, "Grands détectives")
Le Fanal de Madeloc, de Patrick Dombrowski (Mare nostrum, "Polar historique")
L'Été des deux pôles. 1, French bricolo, de Stephan Ghreener (Stephan Greener productions)
Le Diptyque marseillais, de Franz-Olivier Giesbert (J'ai lu, "Thriller")
Les Requins de la recherche, de Daniel Hernandez (Mare nostrum, "Les Polars catalans")
La Morte des tourbières, de Jean-Louis Nogaro (Le Caïman, "Polars")
L'Arracheur de visages ; La Prochaine victime ; Le Goût mortel de la pluie, de Michael Prescott (J'ai lu, "Thriller")
J'ai essayé, on peut !, de San-Antonio (Pocket)
Pleins feux sur le tutu, de San-Antonio (Pocket)
La Source Yahalom, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, SAS)
Bande dessinée :
Marvel knights Moon Knight. 2, de Briab Bendis & Alex Maleev (Panini comics, "100 % Marvel")
Batman : Noël, de Lee Bermejo (Urban comics)
Bluberry : intégrale. 1, de Jean-Michel Charlier & Jean Giraud (Dargaud)
L'Intégrale Phil Perfect. 1, de Serge Clerc (Dupuis)
Aventures du Far West, d'Étienne Le Rallic (Noir dessin)
Spider-Man : l'intégrale. 8, 1970, de Stan Lee (Panini comics, "Marvel Classic")
L'Arme douze, de Grant Morrison, Frank Quitely & Igor Kordey (Panini comics, "Marvel Select")
Power Girl à la rescousse (Comix junior, "BD et activités")
Jazz Maynard. 1, intégrale, de Raule & Roger (Dargaud)
Cinéma, télévision, radio :
Les Barbouzes : entre gens du même monde, de Philippe Chanoinat & Charles da Costa (12 bis)
Le Petit Gabin illustré par l'exemple, de Philippe Durant (Nouveau Monde)
Le Film noir : histoire et significations d'un genre populaire subversif, de Jean-Pierre Esquenazi (CNRS, "Cinéma & audiovisuel")
Criminologie, prisons :
Les Dossiers extraordinaires : l'intégrale, de Pierre Bellemare & Jacques Antoine (J'ai lu)
Histoire du crime au féminin, de Cosimo Campa (Studyrama)
Ainsi parle le crime : les maux des actes, d'Erwan Dieu, Olivier Sorel & Erwan Person (Studyrama)
La Bande à Bonnot, de Michel Malherbe (De Borée, "Histoire & documents)
Esprits cannibales criminels, de Moira Martingale (Premium)
Les Derniers forçats : du bagne à l'asile, de Henry Marty et Philippe Martinez (Albache)
Disparition du crime dans la sociologie contemporaine : le crime comme injustice ou effet de système ?, de Lucien-Samir Oulahbib (L'Harmattan, "Épistémologie et philosophie des sciences")
Littérature de jeunesse (fiction) :
Cluedo. 2, Mademoiselle Rose, adaptation de Michel Leydier (Hachette jeunesse, "Bibliothèque verte")
Les Quatre fantastiques, Marvel Comics (Hachette jeunesse, "Bibliothèque verte")
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C'est le bagne !
Malgré une couverture malhabile, voici l'intéressante édition de deux longs récits de bagnards restés à Cayenne après les départs des ultimes bateaux. Comme le souligne Jean-Lucien Sanchez dans sa préface, les "auteurs ne sont plus sous la coupe de la censure de l'administration pénitentiaire, ni sous celle d'un éditeur en mal de sensationnel" et leurs écrits "constituent de ce fait un témoignage rare, dicté par la seule urgence : celle de deux mourants qui n'ont plus de temps à perdre et qui voudraient que quelqu'un les entende enfin quelque part, n'importe où".
Ces récits datent de 1955 et ont été recueillis par la journaliste Ingeborg de Beausacq (reporter et photographe américaine née en Allemagne en 1910 et décédée en France en 2003) sur des cahiers que les auteurs ont eux-mêmes remplis alors qu'ils se trouvaient à l'asile de Saint-Laurent-du-Maroni. Cahiers qui, depuis, sont conservés à la Fondation des Arts et Métiers. "Sortis de l'ombre grâce au travail patrimonial effectué par le collectionneur Frank Sénateur et par la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, cette publication est le résultat des efforts de nombreux acteurs engagés à restituer à la Guyane un passé parfois douloureux à porter."
La préface de plus de quarante pages est donc due à Jean-Lucien Sanchez, docteur en histoire et spécialiste de la relégation en Guyane française. Elle présente les données historiques nécessaires, ainsi que la biographie des deux bagnards et l'analyse de leurs écrits. S'y ajoutent classification et hiérarchisation pénales où les trois peines qui mènent aux bagnes (déportation, transportation et relégation) sont détaillées. Le préfacier revient sur la "double peine" qui frappe les transportés : "Les condamnés de moins de huit ans de travaux forcés sont astreints à résidence un temps équivalent à la durée de leur peine une fois 'libérés' ; les condamnés de plus huit ans y sont astreints à perpétuité." Les relégués sont des multirécidivistes dont la société française se débarrasse à perpétuité sur le sol de la colonie pénale. Logés, nourris, ils doivent quatre heures de travail à l'administration. Et on se doute, que la nourriture est faible et le travail épuisant... Henri Marty (relégué), très atteint psychologiquement, prend la plume et raconte son périple sans oublier les terribles anecdotes qui ont marqué son parcours. Les hécatombes sur les chantiers dues à la privation de nourriture et aux fièvres, les mauvais traitements et les stères de bois demandées, le trafic indigne de l'Armée du Salut qui vend les vêtements offerts en don. Il dénonce le fait que le bagne en Guyane bien que supprimé officiellement, deux cents bagnards y vivent encore. Que les dossiers étant "en caisse" plus personne n'y a accès. "Les programmes élaborés en conseil tendant à protéger et assainir la Guyane sont purement fantaisistes. Les lépreux côtoient les hommes sains et la pourriture est mélangée avec la propreté."
Philippe Auguste Martinez (transporté) est plus prolixe et raconte des anecdotes savoureuses suite à son statut de cuisinier et homme de ménage chez les femmes de surveillants. Du couple qui donne d'abord les restes de ce qu'il a cuisiné au chien puis les restes du chien à lui, à l'Armée du Salut qui fait payer ses repas "aussi cher que dans les restaurants des libérés au village". Le chroniqueur n'oublie pas les exécutions sommaires, l'incompétence des médecins, mais aussi des portraits de bagnards célèbres, de fils de famille promis mignons de tatoués et de "porte-clés", eux aussi condamnés, devenus gardes-chiourme sans foi ni loi. Au final, il revient sur son parcours criminel sans verser dans le pathos.
Voilà donc un ouvrage documentaire très abouti qui se clôt sur une chronologie et une bibliographie sélective où sont bien sûr présents Albert Londres et Eugène Dieudonné au contraire d'Henri "Papillon" Charrière et René Belbenoit (Guillotine Sèche). Nous nous arrêterons sur cette question : leurs témoignages ont-ils été jugés trop romancés ?
Citation
J'ai oublié de vous dire que ce surveillant également assassin avait un poulailler contenant en moyenne cent à cent cinquante poules, sans compter une vingtaine de canards, qu'il nourrissait avec la ration de tous ces malheureux qu'il faisait mourir à petit feu de faim.