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Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Florence Olivier
Paris : Ombres Noires, octobre 2012
224 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-0812-7795-3
Actualités
- 26/10 Édition: Parutions de la semaine - 26 octobre
- 22/10 Édition: L'émergence d'Ombres noires
La littérature noire attire toujours autant les vocations que les convoitises. Avec une production sans cesse croissante et qui s'impose sur le marché, le genre serait-il victime de son succès ? On ne saurait d'ores et déjà le dire, mais la question mérite d'être posée. Cela dit, c'est aussi l'occasion de découvrir de nouveaux horizons. C'est ainsi qu'une nouvelle maison d'édition a vu dernièrement le jour, Ombres Noires, avec à sa direction Nelly Bernard.
Ainsi qu'il est stipulé dans le "Qui sommes-nous", "Le monde de la littérature policière est vaste : thriller, roman noir, enquête sur fond historique, drame psychologique... Ombres Noires s'inscrit dans cette diversité et se développera au rythme de six à huit titres par an d'auteurs français et étrangers.
Ombres Noires, c'est le désir de vous faire découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, de nouvelles civilisations.
Polars en provenance du Mexique, d'Allemagne, de Russie, d'Afrique du Sud, d'Argentine, d'Équateur, d'Égypte... Le frisson n'a pas de frontières !
Comme vous le voyez, le voyage s'annonce lointain et long. En attendant des auteurs tels Rogelio Guedea (Mexique), Tina Uebel (Allemagne) et Andreï Rubanov (Russie), c'est à Marin Ledun qu'a échu le rôle d'inaugurer la maison d'édition avec Dans le ventre des mères, une sombre histoire sise en Ardèche sur fond de virus qui modifie génétiquement toute forme de vie. Une histoire noire plus qu'à la limite de l'anticipation...
Attendons donc de voir les nouvelles parutions avec curiosité !
Dans le ventre des mères, de Marin Ledun (Ombres Noires, 462 p. - 18,90 €.)
Liens : La Vérité sur Frankie |Marin Ledun |Tina Uebel
Calibre homophobe
Ramiro Hernandez Montes semble s'être volatilisé depuis quelques jours. Il n'a plus donné aucun signe de vie. L'explication se trouve peut-être dans le coffre de la Chevrolet rouge garée dans la rue. Un gosse du quartier est intrigué par les traces de sang bien visibles sur le pare-chocs arrière de la voiture. Il ne faudra pas aller chercher plus loin. La police, une fois sur les lieux, va procéder à l'ouverture du coffre qui renferme bien le corps sans vie de Ramiro Hernandez Montes. Le premier embêté dans l'histoire est bien entendu le défunt. Mais il y a aussi le frère de la victime qui, lui, espère bien pouvoir être élu au poste de gouverneur de l'État de Colima, au Mexique. Ce décès n'est pas une bonne publicité pour son élection. L'assassinat de son frère va encore compliquer son envie d'ambition politique surtout lorsque l'enquête va montrer que Ramiro Hernandez Montes a été exécuté par un tueur en série qui s'en prend exclusivement à des homosexuels. Toutes les victimes ont été abattues avec un calibre .41. Décidément la mort d'Hernandez Montes n'arrange pas du tout les affaires de son candidat de frère. Heureusement que ce dernier peut compter sur le soutien de quatre policiers qui ont reçu la consigne d'étouffer l'affaire afin d'éviter toute éclaboussure au postulant.
Mais dans les rues de Colima, il se passe encore bien d'autres choses. Par exemple, il y a un jeune qui se fait appeler le Japonais. Il est désœuvré, passe son temps à traîner dans les rues passant de salles de jeux aux bars malfamés de la ville. Ce n'est pas sa mère qui lui montre le bon exemple, elle gagne sa vie plus ou moins du commerce de son corps et également avec un peu de trafic de drogue. Au hasard de ses errances quotidiennes, il va croiser le chemin du Métallo, un adulte pas très clair. Sous couvert d'une amitié virile, il lui propose quelques petits attouchements. Le Japonais n'est pas contre du moment que ça lui rapporte quelques petits cadeaux. Et grâce au Métallo, il va faire la connaissance d'une couple bien particulier, Roi Camilo et Reine Sofia. Ils habitent une riche demeure. Pour le Japonais c'est le jour et la nuit avec le pitoyable taudis de sa mère qui abrite sa petite sœur handicapée mais aussi le compagnon de sa marâtre. Pourtant chez ces deux pseudos couronnés, il se passe de drôles de choses qui feraient rougir bon nombre de personnes. Pour faire clair, le sexe est un peu leur fond de commerce.
En résumé, dans certains quartiers de Colima, il s'en passe des vertes et des pas mûres pour utiliser une expression imagée mais bien plus bon enfant que l'univers du roman de Rogelia Gueda. Au fil des pages, on croise tous les travers que l'homme a réussi à développer, et aucune couche sociale ne semble épargnée par l'un ou l'autre fléau. Les perversions sont au rendez-vous, la corruption a frappé dans les rangs de la police, chez les politiciens qui semblent très véreux mais également chez les notables les plus aisés. Ils pensent avec suffisance que leur sale argent leur permet de tout acheter afin d'assouvir leurs vils travers comme leur goût immodéré pour la pédophilie. La vulgarité est présente sous toutes ses formes. L'ambiance malsaine est renforcée par l'utilisation massive de surnoms qui semblent coller aux personnages comme des masques. Sous couvert d'anonymat, leurs actes apparaissent d'autant plus sales et dégoûtants.
Le roman au texte très cru que signe Rogelio Guedea est sombre, principalement en raison de tous les personnages affreux qui se succèdent dans cet univers de corruption. Cela pourrait ressembler à une gigantesque farce grotesque. Le plus attristant est commencer la lecture avec la note : "Tiré de faits réels".
41 n'a donc vraiment rien d'un guide touristique pour vanter les beautés de l'État de Colima, c'est plutôt un répertoire de toutes les médiocrités, un terrible mode d'emploi de la perte rapide de l'innocence pour se frotter à la réalité affreuse d'un triste monde de pervertis. Mais c'est tout le talent de Rogelio Guedea qui a su faire de cette fange un roman impressionnant par son style saisissant et vif.
Citation
Mais en réalité, Monsieur est un porc, c'en est un. C'en est un comme ils le sont tous. Blacky aussi est un porc parce que qui vole un œuf vole un bœuf, et qui amène des petites filles à Monsieur n'est pas moins coupable que Monsieur. Les gens ne savent pas que le sourire que Monsieur adresse au peuple cache le sourire d'une hyène.