Boulevard

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Roman - Policier

Boulevard

Drogue - Infiltration - Urbain MAJ vendredi 07 juin 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,9 €

Bill Guttentag
Boulevard - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Gallimard, avril 2013
336 p. ; 223 x 16 cm
ISBN 978-2-07-01387660
Coll. "Série noire"

Actualités

  • 14/06 Prix littéraire: Sélections 2013 des Grands Prix de la littérature policière
    Mercredi 12 juin s'est tenue à la BiLiPo une rencontre des jurés du Grand Prix de la littérature policière afin de dévoiler les deux sélections finales ("Roman francophone" et "Roman étranger"). Au cours de cette réunion, un hommage particulier à été rendu à Jean-Jacques Schléret, récemment décédé, membre du jury. En attendant les noms des lauréats, qui seront connus des jurés après la délibération finale du mardi 17 septembre 2013, voici le détail des sélections. Il est à noter que chaque sélection propose son lot de surprises, mais qu'il y a de toute évidence une plus grande diversité éditoriale dans la sélection francophone. Ainsi, l'on dénombre des ouvrages de chez Serge Safran, de La Manufacture de livres ou des éditions La Branche dans les "Romans francophones", alors que les "Romans étrangers" s'octroient des ouvrages de chez Liana Levi ou Baker Street. Mais les éditeurs qui sont les grands gagnants sont Rivages, Gallimard et Gallmeister. Les grands perdants sont à coup sûr Calmann-Lévy, Le Seuil et Actes Sud (même si l'on dénote un roman paru aux éditions Jacqueline Chambon, qui entretiennent un lien privilégié avec la maison fondée par Hubert Nyssen). Mais foin de forfanteries, les sélections !

    Romans français :
    - Rainbow Warriors, de Yal Ayerdhal (Au Diable Vauvert) ;
    - La Fille de Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir") ;
    - Ne lâche pas ma main, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Domaine français") ;
    - L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran) ;
    - Un long moment de silence, de Paul Colize (La Manufacture de livres) ;
    - Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides") ;
    - Le Dernier des treize, de Mercedes Deambrosis (La Branche, "Vendredi 13") ;
    - I Cursini, d'Alix Deniger (Gallimard, "Série noire") ;
    - L'Expatriée, d'Elsa Marpeau (Gallimard, "Série noire") ;
    - Les Nuits de Patience, de Tobie Nathan (Rivages, "Thriller") ;
    - Un homme effacé, d'Alexandre Postel (Gallimard, "La Blanche") ;
    - J'ai fait comme elle a dit, de Pascal Thiriet (Jigal, "Polar") ;
    - Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc (Métailié, "Noir") ;

    Romans étrangers :
    - Boulevard, de Bill Guttentag (Gallimard, "Série noire") ;
    - Les Mères, de Samantha Hayes (Le Cherche midi, "Thriller") ;
    - Lettres de Carthage, de Bill James (Rivages, "Thriller") ;
    - Dark Horse, de Craig Johnson (Gallmeister, "Noire") ;
    - 22/11/63, de Stephen King (Albin Michel, "Romans étrangers") ;
    - Le Royaume des perches, de Martti Linna (Gaïa, "Polar") ;
    - Une belle saloperie, de Robert Littell (Baker Street) ;
    - Il faut tuer Lewis Winter, de Malcom Mackay (Liana Levi, "Policier") ;
    - Traversée vent debout, de Jim Nisbet (Rivages, "Thriller") ;
    - Le Tueur se meurt, de James Sallis (Rivages, "Thriller") ;
    - Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandell (Rivages, "Thriller") ;
    - Cuba libre, de Nick Stone (Gallimard, "Série noire") ;
    - Impurs, de David Vann (Gallmeisterr, "Nature writing") ;
    - Lumière dans une maison obscure, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
    - Pike, de Benjamin Whitmer (Gallmeister, "Noire").
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Les anges déçus

Lorsque le soleil est au zénith sur Los Angeles, des hordes de touristes se bousculent pour prendre en photo les empreintes abandonnées à jamais par les stars sur le macadam des trottoirs de Hollywood Boulevard. Les étoiles dorées posées au sol se reflètent dans les objectifs de ces centaines de curieux avant d'être immortalisées à jamais une nouvelle fois. La magie ne cesse d'opérer et les rêves plus ou moins cachés d'être la nouvelle idole du grand écran ressurgissent dans la cité où tout semble possible.
Mais aux premières lueurs du soir, le décor change d'ambiance et, petit à petit, c'est un autre spectacle qui se met en place. Les sosies de Marilyn ou d'Elvis partent se coucher jusqu'au lendemain. La triste réalité reprend ses droits et c'est une jeunesse désabusée qui envahit le bitume pour tenter de monnayer ses charmes contre quelques dollars.

Pourtant eux aussi ont débarqué un jour pensant que le cinéma n'attendait qu'eux, que les rôles allaient se bousculer. Il était tellement évident que l'on n'attendait qu'eux avec tout ce talent à l'état brut que personne n'avait su voir jusqu'à présent. Cela représentait un vent de liberté, si difficile à décrocher. Ils cherchaient à fuir la violence familiale où leurs corps ont malheureusement déjà connu les stigmates des coups et des viols incestueux. Ils croyaient en ce fantastique Eldorado du Septième Art pour avoir une chance de repartir de zéro. C'était peut-être la seule fois où ils auraient le courage ou la possibilité de fuir, alors il fallait absolument le faire. Mais ce n'était pas la gloire qui les attendait à leur arrivée, mais juste la galère. Avec la prostitution comme ultime moyen de survivre. Le Boulevard, chaque nuit, prend des allures de supermarché du sexe où des jeunes corps attendent le prochain micheton qui va s'arrêter en voiture et sortir ses dollars pour quelques minutes de plaisir tarifé.
Casey fait partie du lot, la fugue était l'unique moyen pour tenter d'oublier les abus dont elle avait été victime et qui lui colleraient à jamais à la peau si elle ne faisait rien. Elle voulait rejoindre une amie à Santa Monica mais à la gare routière elle a croisé un pervers aux allures de bon samaritain. Il l'a séquestrée, attachée et a abusé d'elle, sa méthode particulière pour tenter d'en faire une prostituée docile. Par chance, elle a réussi à lui échapper et a trouver refuge dans un squat parmi une bande de jeunes aussi paumés qu'elle.
Jimmy, lui, est de l'autre côté. Il est policier et a débarqué à Los Angeles après une bavure à New York qui a pris des allures d'émeutes raciales dans un quartier sensible. Cette mutation ne lui a pas vraiment réussi. Sa femme l'a quitté pour un brillant avocat. Et maintenant c'est son fils qui est parti pour vivre dehors dans les affres des drogues dures. Jimmy le recherche avec détermination pour tenter à nouveau de le sortir de là.
Mais il y a surtout le décès très étrange d'un proche collaborateur du maire de Los Angeles retrouvé sans vie dans une chambre du prestigieux hôtel Château Marmont qui, de toute sa hauteur, domine le mythique Sunset Boulevard. La mort est survenue d'un coup de couteau fatal en plein milieu du dos, porté par une main gauche. Comme seule piste, la police a la vague description d'une jeune femme. Il va falloir déterminer si l'homme influent utilisait l'hôtel comme lieu de rendez-vous avec des prostituées.

Boulevard casse très rapidement le mythe d'Hollywood pour offrir dès les premières pages une vision très noire de cet univers de légende. Le côté carte postale cède la place à un univers de violence, d'exploitation et de déchéance où seuls les plus costauds peuvent s'en sortir, avant peut-être de tomber s'ils baissent la garde. Les rêves semblent se briser au premier pas posé dans la Cité des Anges, et pourtant chaque journée apporte son nouveau lot de candidats à vouloir toucher les étoiles de la célébrité. Ils ne savent pas que c'est le fond qu'ils vont rapidement toucher.
La seule lueur d'espoir est cette solidarité qui se crée entre ces jeunes qui luttent en petits groupes pour se soutenir et s'épauler. De cette noirceur, l'amour est quand même capable de naître comme un brin d'herbe résistant qui décide de mettre toutes ses forces pour pousser le macadam et sortir s'épanouir à l'air libre contre toute attente. Cependant l'image de Hollywood n'en demeure pas moins écornée, comme sortie d'une scène d'un mauvais film dont le clap tarde à tomber.


On en parle : La Tête en noir n°163

Citation

Sur le Boulevard, quand on voit quelqu'un avec une arme et qu'il n'est pas flic, mieux vaut partir en courant car il y a fort à parier que ce n'est pas sur un cerf qu'il s'apprête à tirer

Rédacteur: Fabien Maurice jeudi 27 juin 2013
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