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Roman - Noir

Surtout ne pas savoir

Social - Tueur en série MAJ mercredi 02 octobre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,9 €

Stuart MacBride
Birthdays for the Dead - 2012
Traduit de l'anglais (Écosse) par William-Olivier Desmond
Paris : Calmann-Lévy, septembre 2013
494 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4481-7
Coll. "Robert Pépin présente"

Sang & sueur

Un roman noir peut s'apparenter à un long cauchemar qui ne prend jamais fin et où le rire sardonique du Mal résonne jusqu'aux dernières lignes. On se sent dans la peau d'un détritus flottant dans un évier plein d'eau sale au moment où quelqu'un vient de retirer la bonde. Tout s'additionne sans fin de manière serrée que ce soit dans l'intrigue, les personnages ou le décor. Pour l'intrigue, étonnement, l'efficacité du tueur en série s'impose. Mais un tueur en série étrange et que l'on ne verra que dans les dernières lignes, son œuvre esquissée en quelques paragraphes. Dans ce premier roman de l'Écossais Stuart MacBride, ce tueur kidnappe des jeunes filles quelques jours avant leur treizième anniversaire, les torture en photographiant les étapes de la mort, pour enfin envoyer chaque année une des photos aux familles des victimes. La cohorte des personnages qui évoluent dans cette intrigue tordue répond aux mêmes tendances : un psychologue profileur retraité complètement stressé d'avoir échoué dans cette affaire ; Alice MacDonald, celle qui lui succède, et qui multiplie les tocs et boit à en vomir pour se mettre dans la peau des victimes ; enfin Ash Henderson, un policier écossais chargé de l'enquête qui cache justement que sa fille fait partie des victimes afin de pouvoir continuer l'enquête. Ce policier, Ash Henderson, personnage central, au cœur de l'intrigue est un cumulard de la pire espèce : divorcé avec une fille aux prises avec la loi, il sort avec une fille strip-teaseuse, a la violence à fleur de peau, et des dettes auprès des gangsters locaux. Même le décor se met de la partie avec une Écosse en plein hiver, propice à d'éternelles et rugueuses bourrasques n'arrangeant pas des habitations tombant en ruines propices à des sous-sols glauques et à des couloirs sales, quand ce n'est pas un parc privatif de résidence qui sert de dépotoir et accessoirement du cimetière pour les victimes du tueur. Surtout, ne pas savoir est une longue descente aux enfers, dans un univers proche de celui de Franz Kafka. Ash Henderson, de plus en plus enfoncé dans sa quête pour sauver sa fille, dans la douleur du monde qui se désagrège, pris dans des petites magouilles ruineuses pour l'âme, dans des relations humaines qui ne mènent à rien, ne survit qu'avec une violence de plus en plus aveugle pour obtenir des réponses qui le renvoient à sa propre impuissance. Même si le final laisse entrevoir une solution à l'enquête, il n'en reste pas moins que les forces de mort et de déliquescence gagnent, laissant personnages et lecteur abattus, vidés, confrontés à cette violence sauvage du monde.

Citation

Ce n'est pas mon domaine, mais si je suis capable d'entrer dans la tête d'un tueur en série, je devrais être capable d'entrer dans celle d'une gamine de douze ans, après tout, ce n'est pas si différent.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 30 septembre 2013
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