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Inédit
Tout public
Traduit du grec par Michel Volkovitch
Paris : Le Seuil, septembre 2013
328 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-02-111800-1
Coll. "Policiers"
Athènes barbare
Alors qu'Athènes s'enlise dans le désespoir et que les suicides se multiplient, un homme est retrouvé assassiné de façon originale : empoisonné à la cigue. Le commissaire Charitos découvre vite qu'il avait reçu une lettre d'un inconnu nommé le Percepteur général l'enjoignant de payer ses arriérés d'impôts. Et ce n'est que sa première victime alors que ses lettres de dénonciation sont diffusées sur Internet - que l'assassin justicier semble maîtriser à la perfection. Quel peut bien être son mobile ? Et surtout comment arrêter un assassin qui, petit à petit, est en passe de devenir un héros national ?
S'il est vrai qu'une partie du polar occupe une certaine fonction sociale, il faut se précipiter sur ce roman séance tenante. Loin des exégèses des petits hommes gris, des discours populo-xénophobes, l'auteur fait toucher du doigt la déliquescence sociale et morale qui assaille la Grèce d'aujourd'hui — mais vue de l'intérieur, par ceux qui la vivent. Ce que Pétros Márkaris fait sans misérabilisme (les scènes poignantes des suicides témoignent d'une économie de moyens remarquable), montrant néanmoins une jeunesse sans avenir et une situation désespérée. Or à situation désespérée, mesures qui ne le sont pas moins... Le thème du meurtrier vengeur date des années 1930, mais Pétros Márkaris dynamise le tout en montrant toutes les implications du crime et une enquête fondamentalement crédible. On croit à ces policiers dépassés, harcelés par la presse et les politiciens, au personnage tourmenté dont la fille ne trouve rien de mieux que partir affronter une Afrique dangereuse plutôt que de croupir dans le marais que la Grèce laisse à sa jeunesse. On est loin du sturm und drang du thriller industriel, plutôt d'une histoire simple montrant des gens simples, le tout dans un style simple, majoritairement en dialogues. Du coup, si ce roman (relativement) court et percutant se lit d'une traite, au final, on a moins l'impression d'avoir lu un récit de fiction qu'assisté à une tranche de vie exotique tragi-comique et, peut-être, de comprendre un peu mieux le monde actuel. Soit le meilleur des deux mondes. On dit bravo et on en redemande...
Citation
Mais enfin, qui se fait tuer pour n'avoir pas payé ses impôts ? Pendant toutes ces années à la brigade criminelle, j'ai vu des meurtres commis pour des motifs incroyables, mais la fraude fiscale, c'est la première fois.