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Inédit
Tout public
506 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-114305-8
Coll. "Roman noir"
Actualités
- 28/07 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix polar Michel Lebrun
Traditionnellement remis à l'occasion de la manifestation culturelle la 25e Heure du livre du Mans, le Prix polar Michel Lebrun célèbre cette année sa vingt-neuvième édition. Pour l'occasion, les dates du festival (dont la thématique cette année est "Les Peuple du fleuve Congo") ont été changées afin de ne pas entrer en concurrence avec Quai des bulles, qui se déroule à Saint-Malo. Les jurés du prix rendront donc leur verdict le 4 octobre. Auparavant, ils auront eu deux mois pour lire neuf romans francophones aux destins déjà différents. En effet, il se trouve dans la sélection des ouvrages comme Yeruldegger, un premier polar mongol de Ian Manook, qui a déjà vécu de nombreuses heures primées de gloire, et d'auteurs confirmés puisque parmi les romanciers figurent Gérard Delteil et Marin Ledun. Il est assez intéressant de noter que les éditions Liana Levi placent deux titres. On pourra regretter l'absence de maisons comme Gallimard (et sa collection "Série noire") et Le Masque. En revanche, la présences des éditions Croît Vif et Jigal est une bonne nouvelle pour la petite édition. Qui succèdera à Olivier Truc et son Dernier Lapon ?
Sélection 2014 :
- Le Bracelet zaïane, de François Chaumard (Croît Vif) ;
- Les Années rouge et noir, de Gérard Delteil (Le Seuil) ;
- Terminus Belz, d'Emmanuel Grand (Liana Levi) ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages) ;
- L'Homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun (Ombres noires) ;
- Yeruldegger, de Ian Manook (Albin Michel) ;
- Un mensonge explosif, de Christophe Reydi-Gramond (Liana Levi) ;
- Trois heures avant l'aube, de Gilles Vincent (Jigal) ;
- L'Hexamètre de Quintilien, d'Élisa Vix (Le Rouergue).
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Saga francia
Le parcours de Gérard Delteil force le respect : trente ans au service de la littérature populaire (au sens noble), en passant par un peu tous les mauvais genres et, comme bien des romanciers populaires, en ayant commencé par ces fameux "petits boulots" (il se servira de son expérience de "crayeur" pour l'excellent N'oubliez pas l'artiste), ça en impose. Rescapé de la "littérature d'abattage" (copyright G-Morris Dumoulin, ou est-ce Frédéric Dard ?), il nous offre ces derniers temps des œuvres plus fouillées, plus conséquentes où le romancier, une fois de plus, se nourrit du journaliste qu'il fut, ou vice-versa. Or là, l'appellation "Roman noir" présentée sur la couverture des Années rouge et noir risque de tromper le lecteur.
À partir de quand peut-on parler de "roman historique" ? Combien d'années faut-il remonter pour entériner cette typologie ? Gérard Delteil utilise l'histoire, la grande et la petite, pour composer une fresque des Trente glorieuses qui évoque l'œuvre de John C. Reilly. La structure rappelle également celle du roman historique, en suivant plusieurs destins couvrant toutes les strates de la société. Alain Véron, ouvrier puis garagiste, homosexuel caché pour éviter les discriminations vivaces, écumant les boîtes de jazz, recherche vaguement les assassins de son frère militant communiste à l'épuration (un MacGuffin qui rappelle l'excellente trilogie stockholmienne de Jens Lapidus) ; Anne Laborde, ex-résistante qui se forgera une carrière dans les ministères, personnage ambigu toujours entre l'opportunisme et la sincérité dont la carrière suit celle de son mari ; Aimé Bacchelli, l'ancien collabo toujours prêt à faire jouer ses relations, fussent-elles douteuses ; et, bien sûr, ce qu'il faut de personnalités bien réelles, des obligatoires "noms" (Aragon, Sartre...) a des personnages qui, pour tout romanesques qu'ils paraissent, ont réellement existé !
C'est avec un souffle évident que Gérard Delteil brasse une partie des événements de 1942 à 1978, et si le souci de neutralité purement journalistique — à chacun de se faire une opinion — impose une certaine austérité au niveau des personnages (l'action se déroule majoritairement en dialogues), l'auteur fait revivre ce Paris du passé, des usines aux cités ouvrières jusqu'aux ors de la République, d'une façon qui évoque parfois Émile Zola (pas moins !). Un travail remarquable. Alors, roman noir, roman de "blanche", roman historique ? Au fond, quelle importance ?
Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun
Prix Polar Michel Lebrun 2014
Citation
C'est toujours comme ça, sous tous les régimes, la plupart des gens en vue se rangent du côté du manche pour ne pas perdre leurs privilèges ou pour en obtenir d'autres.