Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
504 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-258-10554-6
Coll. "Domaine français"
Le diabolique
Infirmier dans un service psychiatrique, amputé d'une jambe et néanmoins athlète (handicapé), Jamal Salaoui pratique la c ourse d'endurance... Ses vacances à Yport prennent un drôle de tour lorsqu'il tombe sur une jeune femme qui se jette d'une falaise sous ses yeux. Le suicide ne laisse aucun doute et, pourtant, on découvre que la morte a été violée et étranglée avec l'écharpe de Jamal ! Ce qui rappelle étrangement deux autres meurtres successifs non résolus commis dix ans plus tôt au même endroit, qui firent croire à l'émergence d'un tueur en série. Jamal découvre que l'une des premières victimes était la sosie de la suicidée... Peu à peu, Jamal comprend que la police voudrait bien le faire accuser des meurtres précédents. Cependant, il est innocent... N'est-ce pas ? Quel rapport y a-t-il avec trois squelettes découverts lors de l'éboulement d'une falaise quelques temps plus tard ?
Le roman policier "classique" se base sur des éléments familiers : meurtre, mystère, des indices, des éléments épars qui finissent par trouver leur importance d'une façon surprenante et, surtout, cette envie de savoir qui pousse à tourner les pages jusqu'à un dénouement censé laisser le lecteur pantelant. Et si c'est l'art d'utiliser des ingrédients connus qui fait le grand cuisinier, Michel Bussi est un maître-queue ! Ce diable d'homme fait commencer son intrigue en douceur avec un point de départ que n'eût point renié le regretté Frédéric Dard. Utilisant la classique narration sur deux époques, l'ensemble intrigue, commence à passionner lorsque l'on s'attache à cet improbable narrateur qu'est Jamal, qui en vient à douter de sa propre innocence au fur et à mesure que les éléments s'accumulent ! On craint alors d'avoir affaire à une de ces entourloupes très actuelles, variante du "ce n'était qu'un rêve", mais Michel Bussi est trop malin pour s'en tenir à cette tarte à la crème… Certes, ce n'est pas déflorer que dire qu'il y a machination, ce qui, par définition, implique une certaine suspension de crédibilité — bien malmenée de nos jours —, mais on a envie d'y croire et, surtout, l'auteur ne se contente pas de cette conclusion, mais s'en sert comme d'un tremplin d'où rebondir sur une série de retournements d'une logique implacable, au suspense à couper au couteau, osant même une fausse conclusion pour offrir la glaçante clé à une intrigue de plus en plus diabolique jusqu'à un coda final doux-amer. Autant dire qu'on se laisse mener par le bout du nez avec délectation d'un bout à l'autre de ce gros roman pourtant dépourvu de longueurs, et l'auteur a l'élégance de boucler de façon convaincante tous les fils de son intrigue en semant de-ci de-là de jolies petites touches d'écriture, comme en s'excusant (parce qu'il faut s'excuser d'avoir du talent, maintenant ?), avant d'insuffler un supplément d'âme bien loin des cyniques usineurs du thriller industriel (qui doivent s'en bouffer les phalanges de jalousie). On ne sait si Michel Bussi est l'auteur de romans policiers le plus vendu en France, comme le proclame la quatrième de couverture, mais même si on a plutôt tendances à défendre les auteurs injustement obscurs relégués aux petites piles derrière les têtes de gondole, force est de reconnaître que l'on comprend un tel succès, qui n'est que justice. Comme quoi, faire de la qualité et respecter son lecteur, ça peut encore payer...
Citation
Même morte, l'inconnue restait incroyablement belle. Ses cheveux de jais recouvraient son visage froid et blanc, telles des algues accrochées à un rocher poli par les marées successives. Le corps de la fille n'était déjà plus qu'un morceau de falaise échoué que la mer se chargerait de sculpter pour qu'il se fonde dans le décor, pour l'éternité.