Force majeure

Mais Rembrandt ne m'émeut pas. Il pèse des tonnes. Moi, ce que j'aime, c'est un pinceau qui bouge, pas un pinceau qui touche. Un pinceau qui tire une pâte ductile et onctueuse, pas un pinceau qui superpose, amasse, accumule, grumelle des petites touches jusqu'à en maçonner la toile.
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vendredi 01 novembre

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Roman - Thriller

Force majeure

Ethnologique - Écologique - Guerre MAJ jeudi 20 novembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,9 €

C.J. Box
Force of Nature - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aline Weill
Paris : Calmann-Lévy, octobre 2014
382 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-5343-7
Coll. "Robert Pépin présente"

Faucon américain

Depuis Henry David Thoreau, il y a chez les écrivains et les artistes américains le goût des grands espaces, de la nature et surtout d'une forme particulière d'écologie qui joue sur l'idée d'une nature encore préservée et encore pure. C'est d'ailleurs le cadre du roman de C. J. Box, Force majeure, qui se situe en plein hiver, avec des congères de neige qui ralentissent les hommes mais en conservent les traces, comme autant de signes d'une criminalité envahissante. En contrepoint, l'intrigue provient de rencontres entre agents secrets américains et dirigeants de régimes moyen-orientaux pétroliers, et de descriptions de la nature désertique et chaude.
Qu'est ce qui pourrait relier ces deux zones climatiques ? Les faucons qui naissent dans les espaces américains et qui vont être offerts dans les zones chaudes pour servir, à travers la fauconnerie, à l'instauration de bonnes relations. Le faucon va être là le point de bascule car, bien entendu, il est le symbole de la nature, de la force, de l'instinct, d'une certaine esthétique de la chasse, mais en même temps, il est le prédateur parfait, celui qui est par delà le Bien et Mal.
Ce rapport à la nature pourrait être la raison du travail de Joe Pickett, garde-chasse justement chargé de faire respecter la nature et de surveiller les chasseurs. Mais il s'agit d'un travail qui va être bien malmené dans le présent roman. En effet, dans la zone quasi déserte dont il a la charge, Joe Pickett s'est lié d'amitié avec Nate Romanowski, un ex-soldat revenu de tout et qui entend vivre loin de la civilisation bruyante, en contact étroit avec la nature. Il fuit quelque chose, mais quoi ? Cette problématique existait déjà dans les autres volumes de la série orchestrée par C. J. Box, mais ici les choses se précisent. Nate Romanowski parvient à s'enfuir après une attaque dont il st victime. Cette fuite et les poursuites d'un groupe qui veut sa peau créent le suspense d'une intrigue qui tire vers le thriller plus que vers une enquête.
Face à Joe Pickett et Nate Romanowski qui vivent avec la nature, les hommes de la civilisation semblent dénaturés : égoïstes, prêts à tuer pour quelques dollars, pour un peu de pouvoir, prêts à envoyer un adversaire dans un piège, dans une mort dont ils pourraient se laver les mains, comme le chef de la police qui envoie son adjoint et concurrent pour l'élection dans une arrestation dont il sait qu'elle sera extrêmement dangereuse.
Là où Nate Romanowski et ses faucons chassent pour se nourrir ou pour la beauté du geste, les chasseurs braconniers qui passent dans le roman sont apparentés à des viandards collectionneurs, destructeurs, prédateurs qui ont l'obsession de la collection, prêts à tirer depuis une voiture, à tuer salement, bref à être humains.
Force majeure s'appuie sur les thématiques de la série des "Joe Pickett" dans laquelle elle s'inscrit, s'y glisse avec facilité et en décalant son intrigue autour d'un personnage secondaire des autres volets (et en révélant le secret qui traînait en sous-main depuis plusieurs épisodes), C. J. Box ouvre au grand air son histoire, l'aère et lui offre un nouveau souffle particulièrement intéressant.

Citation

Je suis coincé en haut d'une montagne sans renforts et sans plan, dit-il d'un ton maussade. Et dans la vallée en bas, il y a John Nemecek.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 19 novembre 2014
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