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Midnight Alley
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par William-Olivier Desmond
Paris : Calmann-Lévy, septembre 2014
374 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4461-9
Coll. "Robert Pépin présente"
Voir l'Art et mourir
Tout le monde s'accorde aujourd'hui à être d'accord sur les mauvaises raisons qui ont pu pousser Georges Bush à envahir l'Irak et à nous mettre dans la situation inextricable que nous vivons actuellement. Il est bien évident que si ce sont de sombres histoires de pouvoirs et d'argent qui ont motivé les convulsions actuelles, tous n'en ont pas tiré les mêmes bénéfices. Au début de ce roman de Miles Corwin, un vétéran de retour au pays est retrouvé mort. Ash Levine, un ancien soldat des forces israéliennes et fils d'un rescapé de la Shoah, est chargé de l'enquête en sa qualité d'inspecteur d'élite de la Felony Special de la police de Los Angeles. Il interroge ses connaissances et rencontre donc d'autres vétérans, autant de soldats qui se sont battus, ont souffert dans leur esprit et leur chair, et qui survivent difficilement dans ce retour à une vie civile bien morne, sans compensation financière mais avec son lot de déboussolement. Certains ont quand même réussi à profiter de la situation pour s'enrichir. Si le mort a été torturé avant de succomber, est-ce réellement lié à son passé militaire ? Sa présence à Bagdad au moment où ont été pillés les musées nationaux a-t-elle un rapport avec ce trafiquant d'art russe qui traîne dans les parages de la victime ? Autant de questions auxquelles Ash Levine est bien en peine de répondre...
La présence d'une œuvre d'art, à la valeur historique et archéologique inestimable, évoque immédiatement, surtout sur la côte Ouest, la célèbre statuette du Faucon maltais, même si le fait qu'ici, l'enquête est menée par un policier qui entraîne le récit vers un ton et un style plus neutre, décrivant avec soin la procédure policière. De nouveau, on assiste à la rapacité des hommes avec leur désir de transformer l'œuvre d'art en monnaie sonnante et trébuchante, mais en même temps avec le goût possessif de l'objet en tant que pièce unique dont la beauté si éclatante illumine même le plus obtus des gangsters. Tout cela irradie une intrigue qui en son centre évolue un inspecteur qui ne croit plus en grand-chose : son histoire amour s'est disloquée, ses racines juives s'évanouissent, les manœuvres politiques de ses supérieurs lui font douter de son métier et il est victime d'une déstabilisation menée de manière très intelligente. Pourtant, un masque ancien et sans prix, une merveille d'art, un trésor volé, caché, semble rayonner depuis le lieu où il est enterré et proposer une solution au policier, une échappatoire, voire un rêve. Il existe un endroit où la beauté pure nettoie le monde de sa laideur. Plusieurs fois, le roman évoque le surf, celui des origines, celui d'une liberté au-delà du commun. Ce n'est sans doute pas un hasard si le roman s'achève au bord d'une plage entre une planche et un objet d'art jeté/perdu dans les vagues, comme si seule la mer ou la disparition pouvait laver le monde de la cupidité humaine.
Citation
Je me représentai la fusillade, spéculai sur le mobile du tueur et le passé des victimes, songeai à la position de leurs corps, à l'emplacement des entrées et sorties de balle, aux marques au fer rouge sur Pinkney.