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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Clément Baude
Paris : Sonatine, avril 2009
768 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-015-9
Actualités
- 18/02 Édition: Parutions de la semaine - 18 février
La semaine éditoriale en promet pour tous les goûts et sous de multiples formes.
Côté grands formats, nous nous arrêterons sur le roman à quatre mains, La Forme de la peur, proposé par Giancarlo De Cataldo et Mimmo Rafele chez Métailié, une plongée noire italienne dans la corruption, les manipulations géopolitiques et les guerres de civilisation.
Tout autre ton, tout autre sujet aux Presses de la Cité avec un Voyeur observé par Brian Freeman entre policier et thriller. Une affaire de meurtre non élucidé qui ressurgit avec un meurtre similaire des années plus tard. Un thème somme toute commun mais avec une approche et un style qui méritent le détour.
Enfin, pour ponctuer ces nouveautés, coup de chapeau à Omnibus qui réédite l'intégrale des aventures de Richard Hannay. Le personnage, né de la plume de John Buchan est le principal protagoniste des 39 marches vampirisées par Alfred Hitchcock. Les romans époustouflants n'ont pas pris une ride car ils étaient précieusement protégés par de la naphtaline...
Signalons pour terminer les éditions en grands caractères de La Sanction, de Trévanian, un roman d'espionnage qui démarre de façon truculente et sur les chapeaux de roue avec un style très caustique et humoristique ainsi que Meurtre dans un jardin indien, de Vikas Swarup. Pour ce dernier, il s'agit d'une enquête classique à la facture indienne avec arrêt sur chacun des personnages liés à un crime. L'Orient-Express en gare de Dehli...
Grand format :
La Double vie de Laura Swan, de Benjamin Black (NIL)
Moisson de sang, de Sharon Bolton (Fleuve noir, "Thriller")
À pas comptés, de Christophe Bourgois-Costantini (Michel Lafon, "Polar")
Les 39 Marches et autres aventures de Richard Hannay, de John Buchan (Omnibus)
Souvenirs du rif, de Michel Claise (Luce Wilquin, "Noir pastel")
Le Livre des âmes, de Glenn Cooper (Le Cherche Midi)
Les Silences de Margaret, de Paul Couturiau (Presses de la Cité, "Romans Terres de France")
La Forme de la peur, de Giancarlo De Cataldo & Mimmo Rafele (Métailié, "Noir")
Homicide à Saint-Yorre, de Claude Ferrieux (éditions du Petit pavé)
La Face cachée des miroirs, de Catherine Fradier (Au diable Vauvert)
Le Voyeur, de Brian Freeman (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
La Maison en pain d'épices, de Carin Garhardsen (Fleuve noir")
Templa mentis, de Andrea H. Japp (Flammarion)
Psychose au 26, de Hervé Jourdain (Nouveaux auteurs, "Policier")
Marée noire, de Attica Locke (Gallimard, "Série noire")
Missions interdites : l'homme de Medellin, de Gérald Moreau (Pascal Galodé, "Thriller")
Chienne d'enquête, de Spencer Queen (Calmann-Lévy)
Autopsies, de Kathy Reichs (Robert Laffont, "Best-sellers")
Lieutenant Eve Dallas. 13-14, de Nora Roberts (J'ai lu, "Grand format")
La Maison du comte, de Jean Satgé (Le Bord du Lot)
Le Pilleur de tombes, de Violaine Vanoyeke (Le Rocher)
Poche :
Sous les bruyères, de Belinda Bauer (10-18, "Domaine policier")
La Librairie des ombres, de Mikkel Birkegaard (10-18, "Domaine policier")
Venin, de Sharon Bolton (Pocket, "Thriller")
La Chasse sauvage, de Laetitia Bourgeois (10-18, "Gands détectives")
La Colonie des ténèbres, de Jérôme Bucy (Pocket, "Thriller")
Les Héritiers du mal, de Chelsea Cain (Pocket, "Thriller")
Le Livre des morts, de Glenn Cooper (Pocket, "Thriler")
Le Père et l'étranger, de Giancarlo De Cataldo (Métailié, "Suite italienne - noir")
Aesculapius, de Andrea H. Japp (J'ai lu)
Sang d'encre au 36, de Hervé Jourdain (Pocket, "Policier")
Horreur boréale, de Åsa Larsson (Folio, "Policier")
Le Livre de l'amour, de Kathleen McGowan (Pocket, "Best")
Le Passager silencieux, de Viviane Moore (Elytis)
Descendez-le à la prochaine, de San-Antonio (Fleuve noir, "San-Antonio")
Maigret et les témoins récalcitrants, de Georges Simenon (LGF, "Policier")
Les Chiens ne mordent pas, de Gunnar Staalesen (Folio, "Policier")
Au-delà du mal, de Shane Stevens (Pocket, "Thriller")
Grands caractères :
La Mort à nu, de Simon Beckett (Libra diffusio)
L'Enquête, de Philippe Claudel (À vue d'œil)
Plus fort que le doute, de Nicci French (À vue d'œil)
L'Heure d'avant, de Colin Harrison (À vue d'œil)
Au voleur !, de Carol Higgins Clark (Libra diffusio)
Nous savons tout, de Gregg Hurwitz (À vue d'œil)
Aesculapius, de Andrea H. Japp (Libra diffusio)
Le Bon usage des compliments, de Alexander McCall Smith (À vue d'œil)
On ne peut pas tout avoir, de Ruth Rendell (À vue d'œil)
Meurtre dans un jardin indien, de Vikas Swarup (Libra diffusio)
La Sanction, de Trevanian (À vue d'œil)
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L'humanité malgré tout
C'est bien connu, les bons chasseurs préparent eux-mêmes leurs cartouches : petite balance ultra sensible, poudre, bourre, plomb, tout est question de dosages pour être sûr de son coup. Shane Stevens est un chasseur qui fabrique ses balles. Des balles dont le k-libre, si l'on se réfère au contexte, n'était encore utilisé par personne, lors de la sortie d'Au-delà du mal. Un livre qui pose la première pierre de ce qui ne tardera pas à s'affirmer comme un nouveau genre : le serial killer.
La société est un organisme, les serial killers en sont les métastases, et il faut considérer, analyser, comme un examen biologique, de façon scientifique, sociologique, psychologique pour prendre la mesure du phénomène, des causes de ce cancer. Shane Stevens en profite alors pour poser un regard explicite, soigneux, quasi chirurgical... sur la société américaine et ses interlocuteurs : la presse et les hommes politiques de l'Amérique des années 1970. Sorti cinq ans après les révélations du Washington Post et la chute de Nixon dans une atmosphère de paranoïa généralisée, Shane Stevens invente tout droit issu de son beau pays, le beau psychotique Thomas Bishop héritier d'une enfance massacrée, sorte de mal absolu, d'une insensibilité sans borne, d'une séduction à toute épreuve et possédant un coup de couteau capable de désosser un humain de sexe féminin en quelques minutes avec la conviction de lui rendre service.
Ce texte global tisse des liens à tous les niveaux de la société américaine. Thomas Bishop, ange exterminateur en mission, propage ses ondes de choc de la Maison Blanche, aux bas-fonds de New-York en passant par un magazine à grand tirage, un journaliste vedette, un sénateur opportuniste et rappelle le souvenir de Caryl Chessman, "serial violeur" au passé tout à fait réel. Le tout mis en mouvement avec la grâce d'un carrousel musical miniature et traité bien sûr, de façon très subjective.
Quel est la part du vrai ? du faux ? où commence le reportage, le récit, la satire sociale d'un pays plus malade qu'il n'en a l'air (les USA sont une véritable pépinière de tueurs en série depuis le début du XIXe siècle) ? de qui Shane Stevens est-il le pseudonyme ? comment les éditions Sonatine ont-elles réussi à mettre fin à vingt-cinq ans de "malédiction éditoriale" à propos de ce texte, et pourquoi maintenant ?
Le roman finit par faire douter du réel, porté par le questionnement plus classique sur les limites de la folie, où commence-t-elle et qui est vraiment fou ? By Reason of Insanity, titre original, est la formule juridique américaine qui dégage de toute responsabilité pénale l'assassin déclaré fou, et confirme l'acceptation de cette différence par la société, souvent bien malgré elle.
Véritable litanie incantatoire, bible du genre, texte mythique, Au-delà du mal témoigne des capacités d'un texte à se confondre à la réalité au point de lui appartenir tout à fait. Au point que, en musardant sur le site "Tueurs en série", comme ça, pour s'instruire, on constate que le monde réel a parfois du retard sur la fiction. Ainsi, on peut remarquer qu'Arthur Bishop, serial killer américain, est exécuté dans l'Utah par injection en 1988, soit bien après Thomas Bishop, premier serial killer de papier, tombé lui en 1979.
On en parle : La Tête en noir n°141
Citation
Qu'il n'eût aucune vie affective lui paraissait évident, mais il ne savait pas comment y remédier puisqu'il ne ressentait rien pour son prochain.