Le Fils

La tête me tourne un peu parce que l'idée veut me convaincre qu'elle est bonne. À bien y réfléchir, maintenant que mon père est mort de ses remords, il serait peut-être temps de sortir les cadavres du placard...
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vendredi 01 novembre

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Roman - Thriller

Le Fils

Vengeance - Prison - Drogue MAJ mardi 12 janvier 2016

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Jo Nesbø
Sønnen - 2014
Traduit du norvégien par Hélène Hervieu
Paris : Gallimard, octobre 2015
528 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014740-3
Coll. "Série noire"

Actualités

  • 06/06 Prix littéraire: Sélections 2016 des Trophées de l'association 813
    Les adhérents de l'association 813 avaient jusqu'au 6 juin 2016 pour voter pour le premier tour de leurs "Trophées" (au nombre de quatre). Les ouvrages qui pouvaient être plébiscités devaient impérativement être parus entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2015 avec une règle d'unicité concernant les romans et recueils de nouvelles, puisqu'un auteur ne peut être récompensé qu'une fois tous les cinq ans. À ce jeu, la sélection francophone ressemble à un match de ping-pong entre les éditions Rivages et Gallimard (tout comme le Trophée Maurice Renault qui promeut un essai, un article, un travail universitaire, une association, une revue ou un blog) avec pour arbitre La Manufacture de livres. Le Trophée Michèle Witta et celui de la bande dessinée sont plus représentatifs de la diversité éditoriale. Il n'en demeure pas moins qu'une tendance noire - comme à l'accoutumée - se dégage. Les adhérents ont maintenant l'été (période propice s'il en est) pour lire les titres qui leur ont échappé et voter pour le second tour !

    Sélection 2016 du Trophée roman francophone :
    - Le Chemin s'arrêtera là, de Pascal Dessaint (Rivages, "Thriller") ;
    - Pukhtu Primo, de D.O.A. (Gallimard, "Série Noire") ;
    - Une plaie ouverte, de Patrick Pécherot (Gallimard, "Série Noire") ;
    - Adieu Lili Marleen, de Christian Roux (Rivages, "Thriller") ;
    - Battues, d'Antonin Varenne (Écorce/La Manufacture de livres, "Territori").

    Sélection 2016 du Trophée Michèle Witta :
    - Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
    - L'Enfer de Church Street, de Jake Hinkson (Gallmeister, "Néo Noir") ;
    - Ils savent tout de vous, de Iain Levinson (Liana Lévi) ;
    - Les Infâmes, de Jax Miller (Ombres Noires) ;
    - Le Fils, de Jo Nesbø (Gallimard, "Série Noire").

    Sélection 2016 du Trophée Michèle Witta :
    - Elmore Leonard, un maître à écrire, de Laurent Chalumeau (Rivages, "Écrits noirs") ;
    - C'est l'histoire de la Série Noire, collectif (Gallimard) ;
    - Actu du Noir, de Jean-Marc Laherrère (Blog) ;
    - Les Lectures de l'Oncle Paul, de Paul Maugendre (Blog).

    Sélection 2016 du Trophée BD :
    - Men of Wrath, de Jason Aaron & Ron Garney (Urban comics) ;
    - Les Nuits de Saturne, de Pierre-Henry Gomont & Marcus Malte (Sarbacane) ;
    - Trou de mémoire. 1 Gila Monster, de Virginie Regnauld & Roger Seiter (Le Long bec) ;
    - Tungstène, de Marcello Quintanilha (Çà et là) ;
    - Tyler Cross. 2, Angola, de Fabien Nury & Brüno (Dargaud).
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  • 05/09 Site Internet: Cercle polar sur Télérama

Le paradoxe de la maîtrise

Il s'agit de Sonny Lofthus, la trentaine et en prison depuis douze ans. Il est le fils d'un certain Ab, un flic qui s'est suicidé en laissant une lettre par laquelle il avoue être corrompu, et il se ménage une existence de drogué bien tranquille, en prison, en rendant de menus services tels qu'assumer la responsabilité de certains crimes - par exemple le meurtre de la femme de l'armateur Morsand, assassinée par son mari pendant une permission de sortie qui a été opportunément accordée à Sonny, ou encore, jadis, ceux d'une jeune Asiatique morte d'overdose et d'un dealer serbe. Les autorités policières et carcérales y trouvent bien entendu leur compte. L'aumônier Per Vollan a longtemps servi d'intermédiaire dans ce trafic et procuré à Sonny la drogue dont il a besoin, mais il est maintenant pris de remords et désire arrêter ce rôle de composition. Sonny est informé par un codétenu que son père a en fait été assassiné par un certain Nestor, impitoyable proxénète qui se prétend ukrainien mais est en fait norvégien, après avoir été trahi par un certain Johannes. Sonny refuse alors d'endosser le dernier crime et parvient à s'évader (en empruntant l'uniforme d'un gardien en congé) tandis que l'aumônier est retrouvé noyé dans la rivière – mais un témoin a vu les hommes de main de Nestor l'assassiner. Sonny (qui se fait maintenant appeler Stig Berger) peut alors entamer le long itinéraire de sa vengeance. Après avoir fait peau neuve, il va loger au refuge Ila pour drogués et SDF. Il abat d'abord Agnete Iversen, ancienne gestionnaire de fortunes, lui vole ses bijoux mais les jette. Malgré ses précautions, il a laissé une empreinte de chaussure sur une plate-bande. Pendant ce temps, Nestor propose à l'agent Simon Kefas une affaire qui lui permettrait de financer la très couteuse opération des yeux d'Else, sa femme. Puis Sonny attaque des trafiquants de Superboy et assassine le dealer avec sa propre poudre. Mais il laisse sur place des traces typiques d'un gaucher. L'étau se resserre donc sur lui, tandis qu'il enferme un des hommes de main de Nestor dans un congélateur mais il parvient encore à éviter d'être repris, kidnappe Nestor et l'oblige par la torture à lui donner l'adresse où il cache les filles qu'il importe avant de le livrer à des chiens d'attaque qui le dévorent, tandis que les filles sont délivrées par l'inspecteur Simon Kefas, en dépit de l'ordre contraire de sa hiérarchie. Puis il va prendre en otage Arild Franck, dans son bureau de directeur de la prison, pour lui faire cracher le morceau à propos de la mort de son père et échappe de peu à un guet-apens. Et ainsi de suite, jusqu'à un dénouement qui sacrifie à l'inévitable rituel de la scène de violence finale et ménage l'inévitable surprise – sans éviter le piège du mélodrame, pourtant.
Ce roman est certes ambitieux et fouillé, mais est-il pour autant "magistral" comme le proclame le bandeau ? Le problème, avec ces affaires de drogue, c'est qu'il faut toujours en remettre dans le sordide et le gore pour ne pas être dépassé par la concurrence. Cela donne une intrigue longue et compliquée, avec beaucoup de sous-intrigues qui s'entrecroisent. Sans compter le roman d'amour qui s'y insère. On y trouve le bon flic (en bute à des "ripoux" comme Fredrik Ansgar, Pontius Parr et Arild Franck), dont le côté humain est accentué par la cécité menaçante de sa femme. Le personnage (fort secondaire) de Pelle, le chauffeur de taxi, est aussi très émouvant. Tout cela est très bien fait et mené d'une main sûre, mais la lecture n'en est ni facile ni reposante. Et nul n'est parfait, car l'auteur commet une erreur de débutant : un homme armé ne peut pas ligoter à lui seul quelqu'un qu'il tient en joue, comme le fait Sonny p. 352. L'histoire des brosses à dents est du genre de celles qu'on ne peut trouver que dans les polars, la découverte du journal intime d'Ab est un peu facile, le thème du jumeau est surexploité, la fragmentation des chapitres finit par tourner au procédé de bas étage et l'excès de subtilité dans l'enchevêtrement des faits par lasser. Ici comme ailleurs le mieux est l'ennemi du bien et Jo Nesbø aurait peut-être dû se méfier un peu plus de sa maîtrise du genre.

Citation

Sa femme avait raison, il était beaucoup trop gentil pour ce monde.

Rédacteur: Philippe Bouquet dimanche 30 août 2015
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