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Dernier meurtre avant la fin du monde. 2, J-77
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Valérie Le Plouhinec
Paris : Super 8, février 2016
326 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-37056-039-1
Le dernier qui quitte la Terre éteint la lumière avant de partir
L'idée de départ est somme tout plutôt intéressante : Maïa, un gigantesque astéroïde, s'approche de la Terre et, si les calculs sont corrects, elle va s'y écraser et en détruire une partie. Mais il y a peut-être des autres catastrophes induites par le choc et personne ne peut savoir avec exactitude quelle zone sera touchée et quel endroit protégé. Du coup, la société part à vau-l'eau, c'est-à-dire que les usines ferment, les gens se suicident quand ils ne se livrent pas à d'immenses orgies ou ne cherchent pas à réaliser leurs derniers rêves. Là-dessus, des migrants tentent de fuir les zones qui risquent d'être directement impactées mais peut-on les accueillir ?
Dans une petite ville des États-Unis, Hank Palace est un homme de principes et de convictions. Même s'il n'est plus officiellement flic, il croit encore à son métier. Alors qu'il attend sagement la fin du monde en essayant de réfléchir à comment protéger sa jeune sœur qui expérimente de nouvelles idées politiques, Martha Cavatone, la nounou de son enfance, vient le voir car son mari a disparu. Cela devrait faire sourire dans un monde qui se délite et où chacun abandonne tout, mais pour cette femme, il ya autre chose. Si son époux est parti c'est qu'il a une bonne raison et il doit revenir. Hank Palace accepte de se charger de l'enquête.
Cette enquête est bien sûr un prétexte. Ici, c'est même un double enjeu narratif. D'une part, l'enquête d'Hank Palace lui permet de se déplacer et de regarder vivre diverses communautés et différentes façons d'appréhender la catastrophe qui arrive (d'un côté des libertaires qui tentent de créer une société plus juste dans les ruines d'une université, enfoncés dans des discussions sans fin ; de l'autre, un couple qui a réussi à s'emparer d'un supermarché et en redistribue les provisions au compte-gouttes mais avec un sens particulier de l'équité et de l'honnêteté) avec un gouvernement qui a, croit-on disparu, mais qui tire encore quelques ficelles. Même si le chaos menace, tout se monnaie avec d'autres perspectives : combien vaut réellement un kilo de légumes dans un monde où plus personne ne cultive ? Quand le marché noir est devenu incontournable, c'est là que vont s'approvisionner les derniers restaurateurs.
Pour Ben H. Winters, c'est également l'occasion de montrer un personnage central confronté à des situations nouvelles. Les valeurs s'inversent. On redécouvre le vélo pour les déplacements et la remorque pour transporter les provisions. Quitter sa maison pour travailler, c'est risquer de la voir pillée et détruite à son retour. C'est bien cette description d'une société à la dérive qui se cherche de nouveaux modèles, ces personnages qui tentent de rester dignes malgré tout (et par contrepoint d'autres qui profitent ou abusent de la situation) qui crée l'intérêt véritable caché derrière une intrigue un peu nonchalante, au rythme de ce monde qui s'éteint lentement.
Citation
Elle est déjà partie, agrippée au bras solide de son père qui la ramène à l'intérieur pour attendre le jugement dernier.