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Poche
Réédition
Tout public
Au nom du père
Réédité en version poche chez Folio avec une magnifique photo de couverture très bien choisie (Adrian Muttitt chez Trevillion Images), voici un court roman emballant dont le titre est parfait. Alexandre Postel, né en 1982, est professeur de lettres en classe prépa. Il a réussi le tour de force d'obtenir le Prix du Premier Roman pour Un homme effacé (une accusation injuste de rétention d'images pédophiles), et le Prix du Deuxième Roman pour ce titre qui joue, lui aussi avec les codes policiers. La première phrase du résumé (qui donne la clé de l'interlocuteur de notre héros-narrateur) a été heureusement coupée dans la quatrième de couverture de l'édition poche, ce qui ajoute un mystère supplémentaire dans le récit. Une empathie terrible se noue avec ce garçon, jeune vendeur chez PHONE SWEET PHONE, une boutique de téléphonie. Et sa dépression latente n'augure rien de bon. De fait, la nouvelle tombe : son père vient de mourir. L'irruption de la peur et de son cortège d'angoisses commence, et cela dans la quotidienneté la plus banale mise en avant par l'emploi du passé composé, et un style simple et accessible. Mais tout est signe, comme ces marronniers en fleurs, ou ce type dans le train... Ce père veuf, notre héros solitaire ne l'a pas vu depuis deux ans. Il faut s'occuper des obsèques et des formalités. Au voyage initiatique à rebours, aux démarches administratives, s'ajoutent la réappropriation sauvage de la maison et de ses restes si bien ordonnés par le retraité. Mais qu'y a-t-il dans cette cave dont le père conservait la clé autour du cou ? Le responsable de la morgue la confie à l'héritier avec les autres effets personnels. Cette clé ! Combien de fois, il a voulu la posséder.
Voilà un auteur qui sait manier les codes de la littérature de genre pour en tirer un récit très original, d'abord éprouvant, puis déstabilisant par les nouvelles pistes qu'il explore et les décisions stupéfiantes du narrateur englué par les médicaments et la peur. C'est un truc de fou, mais le lecteur suit. Un excellent suspense, un condensé de roman noir, une tranche de vie désespérante, un conte gothique, psychanalytique, sociologique. Bref, un récit qui ne laisse pas indifférent car il renvoie au lecteur ses terreurs enfouies.
Citation
À l'entrée de la chambre mortuaire un homme en blouse blanche m'a demandé ma carte d'identité.