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Inédit
Tout public
Traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün
Paris : Presses de la Cité, octobre 2016
314 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-11043-4
Coll. "Sang d'encre"
Souriez, vous êtes filmés jusque dans...
Au cours d'un bref prologue situé dans la gare de Cambridge, un homme heurte volontairement un "flic islandais" qui lui a été désigné. L'action s'étale ensuite sur une trentaine de chapitres au cours du mois de juin 2010. Elle débute à la prison de Stokkseyri, où le policier David Arnarson est bousculé par un Russe qui se précipite vers l'endroit où est gardé un indic, avant d'être vite maîtrisé. Or David a été mêlé récemment à des enquêtes délicates à propos de trafiquants russes, a été menacé de mort et écouté par des collègues, et on lui a conseillé de prendre des vacances. Mais c'est alors qu'il reçoit un message d'un certain Thorri, qu'il ne connaît ni d'Ève, ni d'Adam, l'appelant à l'aide à... Cambridge. Et il est convoqué à une réunion urgente à propos du meurtre d'un jeune scientifique prometteur abattu de deux balles de révolver, à... Cambridge justement, un certain Thorri Konrádson. Après une jeunesse inquiète de la misère du monde (et une crise marquée par de très mauvaises fréquentations), celui-ci a choisi de travailler sur les turbulences atmosphériques, sujet dont les implications géostratégiques dépassent de loin ce qu'imagine le commun des mortels. Lorsque David arrive à Cambridge pour contribuer à l'enquête (les Anglais étant bien sûr totalement incapables de comprendre quoi que ce soit en islandais), il est heurté de la façon narrée dans le prologue et vexé de la condescendance de ses collègues britanniques. Il se mêle à la vie estudiantine et tombe vite sur une piste menant à un trafic de drogue. Mais le rôle de Thorri dans cette affaire n'est que la partie visible de l'iceberg. Le MI5, le contre-espionnage britannique, entre dans la danse (et recrute David) et l'affaire prend une tout autre dimension. Et cela barde pour lui, mais également pour certains autres. Frissons garantis jusqu'à l'inévitable intervention de la 7e Cavalerie et d'un deus ex machina qui ressemble fort à un ange gardien à la présence fort opportune dans cet univers impitoyable.
Même si les techniques de surveillance électronique de pointe sont toujours présentes et si tout le monde est connecté à tout, partout dans le monde et en permanence – à moins d'être "crypté", bien entendu – et donc espionné jusque dans ses activités les plus intimes), l'auteur semble avoir compris qu'il ne suffit pas que le lecteur soit totalement dépassé par l'intrigue pour faire un bon polar. La lisibilité du texte en est améliorée par rapport à Une ville sur écoute, d'autant qu'on est cette fois dans un classique roman d'espionnage. Or, en pareil cas, on sait d'avance que tout le monde manipule tout le monde. On est donc tous sur la même fréquence et tout est clair – enfin, presque. Ultime constatation : le flicage électronique planétaire (en voie de totale privation, comme le reste) va singulièrement faciliter le métier de romancier, mais ne va-t-il pas aussi lui faire une sérieuse concurrence ? Grave question pour l'avenir de la littérature.
Citation
David et Mary descendirent trois étages et pénétrèrent dans un véritable laboratoire de science-fiction.