Contenu
Dieu pardonne lui pas !
Grand format
Inédit
Tout public
186 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-37047-081-2
Coll. "Roman policier, mais pas que"
Requiem enfonce le clou
Si un soir de septembre 1910, il vous était venu à l'idée (Johnny... Oh ! Ça a va ! J'aimerais vous y voir. C'est pas le tout de se faire une réputation dans le jeu de mots. Après faut fournir !) d'aller reluquer le soleil se pieuter sur la Manche depuis le port du Havre, vous auriez pu assister à une erreur judiciaire (en langage judiciaire. Une machination, en langage politique.) Comme un cousinage éloigné de l'Affaire Dreyfus. Une grève sur les docks, une bagarre, un anti-gréviste assumé, Louis Dongé, qui sort un flingue, des grévistes qui lui foncent dessus et lui ruinent la gueule à coups de pompes. Le lendemain il trépasse de ses blessures et la police arrête un syndicaliste anarchiste notoire : Jules Durand.
Le pauvre homme, un poil dérangeant pour les décideurs, ne faisait même pas partie de l'équipe "lynchage". Seulement il aurait, paraît-il, au cours de l'un de ses discours, annoncé que Louis Dongé devait y passer. Autrement dit, il est accusé d'avoir proféré des menaces publiques et donc d'avoir grandement incité ses petits camarades à commettre l'irréparable. Durand est condamné, d'abord à être raccourci au niveau du col de chemise, puis finalement à se farcir un séjour de sept années en prison because la grâce présidentielle ("Moi, président, les innocents seront graciés" avait promis Armand Fallières pendant sa campagne. En ce temps-là, les élus tenaient leurs promesses... enfin presque : Fallières n'a en effet jamais rendu les lavallières et les chapeaux haut-de-forme qu'un ami lui avait offerts pour des sommes exorbitantes). Libéré en 1918, Jules Durand ne se remettra jamais de sa période "cabane" et finira un tantinet décalqué du bulbe dans un asile où il trouvera le repos éternel en 1926.
Bon, ça c'est pour le versant historique. Abordons maintenant le verset satanique... pardon, le versant ecclésiastique. Si un soir de... de nos jours (un soir de nos jours, amusant non ?), à défaut d'être spectateur d'un coucher de soleil, vous étiez personnage de roman et que vous vous rendiez, après votre journée de travail, dans une entreprise d'import-export, Ody-Art pour la citer, au bureau de votre syndicat afin de vous plaindre du connard qui vous sert de chef d'équipe parce qu'il vient de vous sucrer vos vacances à cause qu'un de vos collègues est en dépression, si vous étiez conscient qu'à force de vous traiter avec le dit connard devant témoins vous ne pouviez pas vraiment affirmer que vous le portez dans votre cœur, et que vous le découvriez, toujours le dit connard, sur les docks avec un couteau d'enfoncé dans le bide, et qu'en plus vous portiez un blase de poissard fini puisque c'est l'homonyme de l'autre, Jules Durand, j'ose espérer que vous ne seriez pas cave au point de toucher l'arme du crime ? Non, n'attrapez pas le couteau par le manche, ne mettez pas vos empreintes... Eh voilà, c'est gagné !
Estéban Lehydeux, dit Requiem, est tellement passionné par l'affaire Durand 1910 qu'il décide d'aller résoudre l'affaire Durand "de nos jours". Il débarque donc au Havre avec sa verve (c'est fou quand on pense à ce qu'une simple faute de frappe pourrait occasionner comme malentendu) fleurie, ses manières délicates, sa foi inébranlable (elle), et sa manie de se foutre dans des situations tellement désespérées que pour savoir comment il va s'en sortir on n'a pas d'autre moyen que de tourner les pages du bouquin !
Pour le reste c'est du Stanislas Pétrosky grand cru, avec de la réplique qui fait mouche, de l'humour qui fait rire (maintenant faut préciser parce qu'avec ce qu'on voit à la télé), de l'hommage (San-Antonio, Frédéric Dard. Oui, les deux. Mais aussi, et ça m'a personnellement fait plaisir tant je l'admire, Jean Yanne), du rock (Trust : Yeah !), et puis du cul, des gros nichons, des parties de jambes en l'air, du coup de poing, du coup de boule, du coup fourré (rien de sexuel là) du coup férir, du coup à vous faire passer un bon moment, quoi !
Citation
Le serveur dépose les mousses et quelques amuse-gueules, la nymphomane pigiste libertaire lâche ma braguette et s'empare d'un bloc-notes et d'un stylo dans le dépotoir ambulant qui lui sert de sac. Une sorte d'outre distendue en peau de chèvre comme l'on fabriquait il y a plus de trente ans dans le Larzac.