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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Canada) par Renaud Morin
Paris : Belfond, septembre 2018
490 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-7539-8
Coll. "Noir"
Une machine à lire
Tout d'abord, s'il doit y avoir un gros problème à propos de ce livre c'est qu'il s'agit du deuxième titre d'une trilogie située dans la petite ville imaginaire de Promise Falls. Il vaut donc mieux lire d'abord Fausses promesses publié chez Belfond au début de l'année 2018. D'ailleurs, il aurait mieux valu éditer la trilogie en bloc car, à la lecture du deuxième titre, extirpé de son ensemble, on se rend vite compte des problèmes suscités. On a compté : les cinquante premières pages mettent en scène vingt-neuf personnages sur neuf chapitres et treize autres sont cités, ce qui fait un total de quarante-deux personnages à mémoriser ! Bien sûr, ils ne sont pas tous importants mais, ce qui est pire, nombreux sont ceux qui font référence aux affaires traitées dans le premier titre, voire à d'autres titres antérieurs dont Linwood Barclay reprend des rôles principaux (Derek in Les Voisins d'à côté, 2010, ou Cal in La Fille dans le rétroviseur, 2016). On imagine avec terreur ce que seront les premières pages du dernier titre de la trilogie qui devront résumer tout ce qu'il s'est passé dans les deux autres !
Un terrible assassin (il semble être obsédé par le nombre 23) resté impuni au terme du premier titre, revient dans le deuxième et finira sans doute par être démasqué dans le troisième au terme d'un total de près de mille cinq cents pages ! Pour réussir son pari et maintenir le suspense avec cet assassin fil rouge, Linwood Barclay a besoin de développer et boucler une sous-énigme par titre. Ici, l'un des couples broyés dans leur voiture décapotable par la chute du mur-écran d'un drive-in (explosion due à l'assassin fil rouge), dissimule une pièce à sexe dans son garage. Les DVD de leurs partouzes avec deux autres couples disparaissent aussitôt. Il semble que le groupe batifolait parfois avec des étudiantes (droguées ?) dont l'une d'elles fut assassinée dans le premier titre... Bon, rien de bien intéressant, dans ces histoires de fesses. L'intérêt c'est le vrai vrai méchant qui continue ses crimes.
Linwood Barclay est un malin qui dissimule sa redoutable technique de page turner sous une écriture qui ne traite que du banal (on décongèle une pizza), truffée de dialogues évidents au parfum populaire (Putain ! C'était quoi, ça ?! s'écria Derek) abordant les thèmes de la vie de tous les jours (la bouffe, les relations parents/enfants, famille, loisirs, déplacements, boulot, etc.). Certes, c'est américain (canadien) à mort, avec les questions habituelles sur le « bien être », l'empathie forcée, les gestes de la main, les remarques décoincées des jeunes, les jurons, les rappels à la morale, mais la dynamique est là, incontestable. Ici, on notera les gros sabots de l'inspecteur Duckworth qui fait virer ses demandes de renseignements au psychodrame et surtout les états d'âme et les magouilles de l'ancien maire voulant briguer un nouveau mandat et qu'on ne peut s'empêcher de voir en Trump.
Citation
L'inspecteur Duckworth aurait voulu que les crimes soient mieux répartis dans le temps.