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Grand format
Inédit
Tout public
330 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-283-03119-3
Coll. "Littérature française"
Perdus au bord du monde
L'homme a soixante ans. Il vit retiré dans une ferme vaguement aménagée au fin fond de nulle part. Il vit tranquille avec ses ouvrages. Il a accueilli Chris, qui venait faire un break pour son travail et peut-être écrire un livre. Mais elle n'a pas supporté la solitude, le silence et cette vie isolée. Elle est partie un beau matin. Du coup, il reste encore plus seul et zen dans sa masure. Un jour, pourtant, il faut bien aller faire les courses et les choses vont alors se compliquer. Il n'y a, tout d'abord, plus d'électricité et les voitures semblent comme abandonnées. Lorsqu'il arrive en ville, celle-ci semble déserte, mis à part un serveur de café qui ne veut pas quitter son poste. Il s'arme mais est fait prisonnier par deux sœurs jumelles. À l'extérieur de la ville, une sorte de route sert de tapis roulant...
Par la suite, le roman de Nan Aurousseau va revenir à de plus réalistes histoires sans que le lecteur ne sache bien s'il s'agissait d'une parenthèse ensorcelée ou d'un fantasme de l'auteur. Le personnage va vivre d'autres aventures étranges - accusé de viol, soupçonné d'avoir déguisé un meurtre en suicide, avant une "résolution" finale qui laisse planer le doute sur l'ensemble des actions de ce roman. Entre littérature générale jouant avec les stéréotypes du noir, du roman catastrophe, du mythe du dernier survivant, Les Amochés est aussi une évocation réaliste des petites gens perdus dans la campagne profonde, des oubliés, dont parlait récemment Gauvain Sers, de ces gens de peu qui essaient de survivre dans un monde libéral de plus en plus bizarre qui les met en prison pour un rien, qui gagne en les opposant les uns aux autres, ou en jouant sur la fatigue et la lassitude des citoyens (cela n'est pas un hasard sans doute si le personnage central se met en retrait, si sa compagne est en burn-out et si le serveur du bar reste à son poste alors qu'il n'y a plus d'humains dans la ville). On doit accepter ce côté absurde de la situation, des scènes qui se suivent avec peu d'explication, comme un film de Quentin Dupieux ou des pièces de théâtre de Samuel Beckett ou d'Eugene Ionesco. On ne peut qu'apprécier un texte travaillé et fin, allusif et qui raconte le monde tel qu'il est, à travers une parabole intelligente.
Citation
Allez, on verrait bien, le mieux était de ne pas se projeter, voir venir comme ils disaient tous, s'adapter mais sans baisser les bras.