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Le Journal de Claire Cassidy
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Élie Robert-Nicoud
Paris : Hugo, janvier 2020
444 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7556-4706-8
Coll. "Thriller"
Ces fantômes qui nous hantent
Voici l'Angleterre dans ce qu'elle a de plus classique : un collège très ancien avec ses grandes salles de classe, ses couloirs sombres, son écrivain mort, sa femme disparue qui hante les couloirs. Tout ce qu'il faut pour frémir un peu. D'autant plus que l'écrivain était un "vieux" gothique connu pour une nouvelle effrayante reprise dans de nombreuses anthologies et qui laisse une vie effacée mais avec des "lacunes", autant dire que sa biographie est donc mystérieuse. Claire, jeune divorcée, enseigne la littérature dans ce collège, et elle s'est prise d'affection pour ce romancier lointain. Elle essaie par conséquent d'écrire sa biographie, ce qui s'avère compliqué. L'auteur évoque dans sa maigre correspondance un roman inachevé et une fille, Mariana, dont personne ne sait rien et dont la tombe n'a pas été retrouvée dans le cimetière local. Un professeur de Cambridge pourrait l'aider car il a retrouvé des lettres, mais est-il bien ce qu'il prétend être ? Claire s'est replié là depuis son divorce, vivant avec sa fille, adolescente, elle-même se piquant d'écrire. Lorsque sa meilleure amie, également professeur, est retrouvée morte, les non-dits et les passions secrètes refont surface. La policière chargée de l'enquête aura fort à faire. C'est une ancienne du collège, lesbienne, ce que sa famille d'origine indienne ne doit pas savoir, et ses soupçons se tournent justement vers Claire qui a l'air de cacher bien des secrets. Alors Claire qui veut se dédouaner ouvre ses carnets intimes à l'enquêtrice et découvre que quelqu'un d'autre y a été de ses ajouts. Mais qui ? Du fantôme à l'admirateur secret en passant par celui qui s'est introduit dans ses pensées et tue ceux qu'elle déclare détester au fil de la plume, les pistes vont être nombreuses...
Construit comme un récit classique, voire un roman gothique, Le Journal de Claire Cassidy s'enchâsse dans la nouvelle (courte) fantastique, qui va être dispersée dans le roman. Des parties alternées où interviennent différents protagonistes et qui n'hésitent pas à représenter les mêmes événements avec un angle différent font avancer l'enquête. Mais si la facture est très classique, elle n'en est pas moins efficace. En effet, la nouvelle renvoie à des motifs (morts mystérieuses, voyage en train, mise en abyme) que l'on découvre dans le roman, et l'atmosphère d'un collège de province avec ses mesquineries et ses rivalités est montré de manière intelligente avec des personnages qui acquièrent rapidement une dimension physique suffisante pour que le lecteur soit tenu en haleine, envisage des sombres mobiles, et ait envie de lire la suite. Bonne variation sur le thème, Le Journal de Claire Cassidy, d'Elly Griffiths est un agréable moment de lecture, efficace et sérieux.
Citation
Je lui demandai un échantillon de son écriture. Elle avait dû comprendre pourquoi mais elle réagit très calmement. Elle écrivit ces mots avec le stylo Montblanc de Tony. L'enfer est vide et tous les démons sont ici. Ce n'était pas la même écriture.