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Grand format
Inédit
Tout public
366 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-20323-1
Coll. "La Bête noire"
Série grise
André Milke, la soixantaine bien tassée, s'aventure un beau jour au Cap d'Agde, sur cette plage naturiste livrée aux libertins d'un soir qui lui donnent son surnom de Baie des cochons. Mal lui en prend : la belle jeune femme sur laquelle il tombe est morte... Et qui plus est, il connaît la victime, qu'il voit tous les jours : elle n'est autre qu'Emma Paretto, la compagne de Luc Dallier, l'ami qui a invité Milke dans son château de Garens. Luc est un ancien ami des commandos maoïstes spécialistes du coup de main contre les patrons et les fachos, qui a rejoint son vrai milieu, celui de la bourgeoisie bitteroise, pour remplacer son père à la tête des affaires familiales. Mais ce n'est pas tout. Le même soir, une dépendance du château brûle, à l'endroit même où Dallier comptait édifier une immense discothèque, futur lieu chic entre Montpellier et Narbonne. Un beau projet néanmoins voué à l'échec, s'il faut en croire le frère de Luc, et dont il ne reste que des cendres. Un incendie qui s'est déclenché au moment où Emma, qui venait de se disputer avec Dallier, était violentée puis assassinée. La coïncidence est un peu grosse. Il n'y a ni témoin ni mobile pour l'un comme pour l'autre... Mais il y a Anaïs Lylle, la proche collaboratrice de Dallier, qui intrigue en sous-main pour un tiers qui voudrait bien mettre la main sur le château. Milke retrouve aussi son ancien meilleur ennemi : Clovis Martinez, soixante-sept ans aux fraises, le pied-noir, le facho, ancien kiosquier après avoir été éjecté d'Oran, et sa voisine Alexe, en fait une sage responsable commerciale venue s'encanailler au Cap d'Agde et amie d'Anaïs Lylle. Toute une comédie humaine réunie par un meurtre et un de ces châteaux dits pinardiers attirant bien des convoitises. Que faisait Emma sur cette fameuse Baie des cochons ?
Dominique Forma est arrivé dans le monde du polar avec un coup de maître, le très bon Skeud qui abordait un sujet rarement traité, le monde des disques pirate disparu avec l'arrivée d'Internet, et n'a pas démérité depuis. Ce roman hybride emprunte au dur-à-cuire par ses nombreuses notations bien senties, au polar d'enquête classique avec ses nombreux interrogatoires et même au thriller financier. Un mélange plutôt roboratif : si, traditionnellement, la résolution est beaucoup plus simple que tout ce qui l'a précédée, c'est le ton général du roman qui fait la différence, son travail sur les personnages, son écriture qui a l'élégance de la simplicité, son portrait d'une délinquance en costume-cravate tout aussi impitoyable que les petits truands, et surtout la truculence venant de ces deux papys atrabilaires, frères ennemis façon Waldorf et Statler (les deux petits vieux du Muppets Show) aux échanges savoureux. On regrettera quelques longueurs, mais c'est encore une réussite pour "La Bête noire", une collection en passe de devenir incontournable...
Citation
La mort a cela d'injuste qu'elle ne fait souffrir que les vivants.