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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Écosse) par Jean Esch
Paris : Le Seuil, novembre 2019
474 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-134068-6
Une dernière danse
1957, l'Allemagne, désormais divisée en deux entités adverses, est en phase de reconstruction, à la recherche d'une place de choix au sein de la nouvelle Europe unie. Pour les anciens serviteurs, plus ou moins volontaires du régime nazi comme Bernie Gunther, il est temps de faire profil bas, d'échapper le plus possible aux questions embarrassantes. De retour en Allemagne après des années d'exil, l'ex-agent de Heydrich et Goebbels survit sous une identité d'emprunt comme employé d'une morgue munichoise, avant qu'une figure surgie de son passé ne vienne le forcer à sortir de son isolement et ne le pousse à devenir enquêteur pour une compagnie d'assurance qui apprécie son expérience de policier. Envoyé en Grèce pour enquêter sur le naufrage suspect d'un navire de plaisance allemand, Gunther va rapidement se confronter aux crimes de guerre commis sur place par les siens et devoir, une fois de plus, tenter d'en finir avec un conflit qui ne cesse décidément de le hanter.
En créant le personnage trouble de Bernie Gunther au début des années 1990, le Britannique Philip Kerr faisait entrer le polar au cœur même du système nazi pour en interroger le fonctionnement, les atrocités et les complaisances, les petits arrangements quotidiens que devait accomplir un fonctionnaire de police dévoué dans un monde où la justice importait peu. Initialement conçu comme une impeccable trilogie, la série se poursuivit au fil de l'exil de son antihéros, qui lui permettait d'explorer les ricochets de l'Allemagne nazie, en Amérique du Sud comme en Europe. Pour cet ultime volet du cycle, interrompu par la mort de son auteur en 2018, Philip Kerr renoue avec les grandes heures de sa fresque historique et, autour d'un complot mené par les anciens camarades d'un Gunther vieillissant, en quête d'une impossible rédemption, esquisse les contours d'une Europe prompte à l'amnésie et aux compromissions avec l'ennemi d'hier dès lors qu'on lui présente un nouvel adversaire. Un peu amer sans doute, Philip Kerr qui, en même temps qu'il clôturait un pan de la vie de Bernie Gunther s'apprêtait à en ouvrir un autre, à partir de nouvelles pistes qui resteront hélas inexplorées, signe avec L'Offrande grecque une belle conclusion à ce qui restera comme une des plus indispensables sagas du polar historique.
Citation
Personnellement, je ressemble un peu à une huître. Il y a des années de cela, en janvier 1933 pour être précis, un morceau de sable s'est introduit dans ma coquille et a commencé à m'agacer. Mais s'il y a une perle en moi, c'est sans doute une perle noire. Franchement, j'ai fait durant la guerre deux ou trois choses dont je ne suis pas fier. Rien d'inhabituel. C'est ça la guerre.