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Un sorbier dans les dunes du Thalifat
Jeanne décroche un job d'assistante pour la campagne promotionnelle d'un parfum. Elle se retrouve alors en plein désert du Thalifet pour le tournage d'une publicité sans se douter qu'elle va être l'égérie à son corps défendant de La Rose des sables. À la suite du vol d'un ordinateur portable, nomades et soldats d'un pays ravagé par le terrorisme se retrouvent face-à-face. Jeanne devient hôte pour les uns, otage pour les autres. Elle va alors parcourir le Royaume des sables en compagnie de El Hassan, roi sans terre d'un peuple déchu qui compte en ses rangs le redoutable terroriste Kashang. De retour en France, assaillie par des journalistes avides de récits exotiques, Jeanne se demande quelle est sa place dans ce monde dit civilisé. Forte des dividendes du film, elle s'embarque dans le premier avion pour le Thalifet retrouver son roi, sa terre et écouter le chant des dunes. Mais c'est une bien cruelle réalité qu'elle va alors affronter : celle d'un monde calculateur, mais aussi manipulé.
Pierre Boussel signe là un étrange roman entre ethnologie, étude sociologique et espionnage à la trame des fois bancale et au verbe indécis. L'on se demande à sa lecture pourquoi il n'a pas étoffé sa première partie quitte à en faire un seul roman qui aurait eu plus de teneur. Et puis, de temps en temps, il y a des fulgurances bien plus intéressantes quand elles excluent certaines certitudes (pourquoi devient-on terroriste au Thalifet en opposition avec la mort mystérieuse de El Hassan) avec un final qui nous fait quitter le livre à regret. Le verbe est indécis car certaines de ses descriptions sont faites avec familiarité comme s'il y avait toujours dialogue, ce qui heurte et dérange. Il y a également, bien plus appréciable, cet héritage des romans d'espionnage de série B avec un père agent secret qui exerce pour sa couverture le métier de plombier (ça ne s'invente pas !), des bureaux sous la tour Eiffel, du matériel haute technologie, une jeune fille qui devient femme avant que d'être agent spéciale Jeanne Sorbier 007 et un choix cornélien en fin de roman : fuir au Nord ou au Sud (quelle question...). Pierre Boussel, un romancier à suivre car on prend plaisir à découvrir la matière brute et foisonnante qu'il distille (au lance-roquette).
Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun Lycéen 2010
Citation
La liberté, Jeanne, ce sont les esclaves qui en parlent le mieux. Les responsables politiques, ceux qui sont aux affaires, eux, savent la complexité des choses.