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The Killings at Kingfisher Hill - 2020
Traduit de l'anglais par Fabienne Gondrand
Paris : Le Masque, septembre 2020
330 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7024-4965-3
Les héros sont fatigués
Hercule Poirot et l'inspecteur Edward Catchpool, son narrateur, partent en autocar pour le domaine de Kingfisher Hill dans la campagne anglaise. Il y est appelé par son propriétaire Richard Davenport pour innocenter sa fiancée Helen : celle-ci s'accuse du meurtre de son propre frère Franck Davenport, qui a fait une chute mortelle dans l'escalier de la demeure. Comme le détective doit rester anonyme, sa couverture sera sa prétendue passion pour un jeu de société nomme Peepers inventé par les Davenport, et qui a fait leur fortune. Mais le mystère commence dès le début du voyage car une femme refuse de s'installer à la place qui lui est réservée, prétendant qu'un inconnu lui a glissé qui si elle s'y asseyait, elle mourrait. Puis Poirot se retrouve à côté d'une autre inconnue qui pourrait être l'auteure d'un roman trouvé sur place, et qui lui confesse avoir commis un meurtre. Une inconnue qu'il retrouve une fois arrivé à Kingfisher Hill, et qui est très proche du maître de maison, puisqu'elle est sa sœur, Daisy Davenport... Mais alors que Poirot commence à croire à une mise en scène, Daisy s'accuse à son tour du meurtre. Il est donc évident qu'une des deux femmes ment, mais laquelle ? Et pourquoi ?
Comme quoi il n'y a pas que le cinéma qui s'intéresse aux lucratives franchises : après Robert Ludlum, Tom Clancy et quelques autres (on passera sur les innombrables pastiches holmésiens), c'est Agatha Christie qui voit prolongé son personnage qu'elle avait pourtant tué lors de sa toute dernière affaire. Mais ce roman a du mal à passer après Son espionne royale et les douze crimes de Noël, hommage direct au roman à énigmes qui réussit à la fois à être fidèle et à dépoussiérer juste ce qu'il faut le genre tel le Paul Halter moyen (ou même le sympathique Petits meurtres en campagne). Là, les mystères s'empilent un peu trop, laissant présager d'une révélation décevante qui en effet joue sur un grand nombre de variables. Le texte souffre aussi de l'éternel besoin de noircir la page alors que les romans d'origine étaient généralement concis, donnant lieu à de nombreux dialogues-Ikéa. Curieusement, le personnage de Poirot est édulcoré de ses défauts légendaires, voire de sa personnalité au point d'en devenir transparent, comme si on s'inspirait davantage des avatars télévisés du détective que du canon. Pas de quoi hurler à la trahison, mais une fois de plus, on sent l'œuvre opportuniste conçue juste pour pomper quelques sous d'un personnage iconique...
Citation
Le meurtre n'a rien de palpitant, dénonça Poirot. C'est une tragédie dévastatrice qui continue à infliger des souffrances des années durant — aux innocents, aux survivants et aux coupables. Le meurtre sera toujours une abomination — une véritable ignominie sur Terre.