Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
375 p. ; 22 x 16 cm
ISBN 979-10-375-0592-7
Coll. "Equinox"
Panique au Love Hotel
Nous avons été habitués, avec Benoît Philippon, dans ses premiers romans, à un mélange détonant entre le polar le plus noir et des éléments comiques. Dans Petiote, au départ, on se disait que la partie humour pourrait se réduire à la portion congrue car l'intrigue de base s'enclenche autour de Gus, un homme ordinaire, père de famille, qui vient de perdre la garde d'Émilie, sa fille, et qui décide de prendre des otages pour obtenir de nouveaux droits. Ce qu'il veut ? Sa fille et un avion pour partir au Venezuela. Mais alors qui prendre en otage ? Et, surtout, comment s'armer pour être crédible ? Gus, le père, habite dans un hôtel de deuxième zone. Il se doute que le voisin du dessous est un petit trafiquant qui serait par conséquent armé. Il le braque et l'attache. Ce qu'il ne sait pas c'est que le trafiquant est aussi le dépositaire de plusieurs kilos de drogue qui appartiennent à un dealer, dealer qui doit le donner à un gros gang. Lorsque la prise d'otages débute, les bandits décident de faire ce qu'il faut pour récupérer leur marchandise. Et la première idée qui leur vient consiste à enlever à leur tour l'ex-femme du preneur d'otages ainsi que la famille de Mia Balcerzak, capitaine de police chargée des négociations. Quand les otages prennent fait et cause pour Gus, qu'un coursier venu livrer une pizza est coincé dans la maison (mais bon, avec son stock de bonnes herbes), qu'un couple adultérin fait partie des otages et ne veux pas être libéré car les deux seraient reconnus, qu'un journaliste cherche à tout prix le scoop, Gus peut tenir même si tout risque de partir en cacahuète. Surtout lorsque le trafiquant se détache et se balade armé de sa mauvaise humeur et d'un grand couteau dans les étages de l'hôtel. Et puis il y a Cerise...
Même avec un sujet qui pourrait ne pas s'y prêter, Benoît Philippon parvient à le décaler pour créer à la fois du suspense et du noir tout en enrobant l'ensemble dans un écrin d'humour. Son personnage central décide d'une prise d'otages mais où tout va partir de travers, ne sachant même pas quelle règle appliquer lorsque la situation ne correspond pas à son plan de départ. Plus parti sur la façon de faire qu'il a en tête, et sans doute inspiré des films et des livres qu'il a parcourus, il ne sait pas comment faire lorsque les événements dérapent, et au vu des autres personnages il y a de fortes chances que tout dérape de tous côtés. Sorte de Jerry Lewis, inadapté et lourdement armé, Gus transforme cette prise d'otages dramatique en monument de finesse et de drôlerie, se réservant quelques plages plus mélodramatiques, aussi finement décrites, pour un récit haut, fort et prenant, qui confirme la part particulière dans la littérature noire française de ce talentueux Benoît Philippon.
Citation
Il n'a pas l'intention de la rédiger en lettres de sang. Il espère que l'intimidation suffira. Il n'a rien d'un criminel. Mais il veut récupérer sa fille. Et pour ça, il est prêt à tout.