Ymir

La deuxième vague arriva à peine quelques minutes plus tard, les policiers tantôt tirant, tantôt poussant les marcheurs dans le parc et les rues transversales. Le hurlement des sirènes proches ou lointaines se mêlait aux cris des agents, aux chants des manifestants et au ronflement des moteurs qui démarraient de plus belle, partaient, puis revenaient encore et encore pour embarquer un autre groupe. Ben, figé sur place, observait la foire d'empoigne autour de lui. Les sirènes hurlaient sans discontinuer et, en fond sonore, tels des roulements de tambour, résonnait le staccato des rangers des policiers qui, un rang après l'autre, chargeaient le flot incessant des enfants.
Thomas H. Cook - La Fureur de la rue
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 01 novembre

Contenu

Roman - Noir

Ymir

Anticipation - Social - Révolution MAJ jeudi 29 décembre 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,9 €

Rich Larson
Ymir - 2022
Traduit de l'anglais (Canada) par Pierre-Paul Durastanti
Saint-Mammès : Le Bélial, septembre 2022
380 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-38163-059-5

Glaces sanglantes

Ymir. Une planète gelée exploitée par la Compagnie malgré la rudesse de son climat et de ses habitants. Un monde où Yorick n'avait aucune envie de revenir depuis qu'il y a accompli un massacre et que son frère l'a mutilé. Lorsque la Compagnie l'y envoie chasser le grendel, une créature extraterrestre qui sème le chaos dans les mines, Yorick retrouve le froid, la violence, et une vengeance qu'il espérait bien ne pas voir s'accomplir. Mais dans l'Entaille, la révolte gronde et risque de tout emporter.

Auteur canadien né au Niger, Rich Larson a déjà, bien qu'il n'ait encore que trente ans, une prolifique carrière derrière lui puisque, outre qu'il ait baroudé un peu partout dans le monde et parle couramment plusieurs langues, on lui doit déjà plus de deux cent nouvelles publiées dans ce qui se fait de mieux en matière de science-fiction moderne et exigeante (Apex, Lightspeed, Tor, Beneath Ceaseless Skies, avec le plus souvent des reprises dans les différents Year's Best publiés chaque année outre-Atlantique), et en France un unique recueil, La Fabrique des Lendemains et maintenant Ymir, une première tentative d'écriture au long cours. Considéré à juste titre comme l'une des nouvelles voix les plus prometteuses de l'imaginaire, Rich Larson excelle à mettre en place, en peu de mots, des futurs aussi cauchemardesques que plausibles. Planète glacée, en proie à la violence d'une population endurcie par une vie rude, Ymir héberge également une forme de vie extraterrestre incompréhensible, les grendels dont le nom de monstre mythique correspond bien à la nature profondément autre. Mais au-delà de ça, Ymir est aussi la proie d'une prédation capitaliste forcenée par le biais d'une compagnie minière aussi cruelle qu'omniprésente. De manière impressionniste, Rich Larson accumule quantité de petits détails qui donnent un ancrage réaliste à son futur où drogues de combat, implants cybernétiques, drones et télésurveillance forment le quotidien d'une galerie de personnages forts, de "gueules" comme on dit dans le cinéma bis. Loin des space-opera clinquants et aseptisés, le futur de Larson pue, il suinte d'huile de moteur, de relents de putréfaction, il fait vrai, comme la neige, sale, polluée qui couvre la surface d'Ymir, et pourtant, ce qui importe ici vraiment, comme toujours, c'est l'humain, et la relation dysfonctionnelle entre Yorick et son frère, qui porte littéralement le roman pour le plonger dans une noirceur plus étouffante encore. De la grande S.-F., par une voix à suivre de très près.

Citation

Si un grendel doit le tuer, ce sera dans le ventre d'Ymir, bien sûr. Ç'aurait pu être quand il escaladait les superbes falaises de grès de Baldr, ou qu'il voguait dans les nuées métalliques de Hod, mais non. Ce sera ici, dans l'obscurité moite, qu'il mourra.

Rédacteur: Jean-François Micard jeudi 29 décembre 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page