Contenu
Poche
Inédit
Tout public
232 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-493739-06-3
Coll. "Roman noir", 10
Fleur de banlieue
Une histoire parfaitement banale dans ces banlieues où l'on parque les indésirables : depuis qu'Amar a suivi les injonctions des politicards en rentrant au bled, son épouse Sabine peine à maintenir sa famille à flots. Il y a Myriam, la petite sœur de plus en plus ingérable. Il y a le frère Sohan qui se radicalise avec des islamistes d'opérette ; et il y a Samia, quinze ans, des rêves d'écriture plein la tête, et Abby, sa meilleure amie qui se laisse dériver en dépit de son attraction pour Sohan. Samia voit un rayon de soleil percer le béton lorsque débarque dans le quartier Madame Suzanne Henry, muette, ex-libraire, surnommée "la dame aux livres" dès son arrivée tonitruante. C'est le début d'une improbable amitié avec Samia qui lui emprunte ses précieux livres. Mais un beau jour, elle trouve la vieille dame poignardée dans son salon... Les soupçons se portent sur Sohan, précipitant sa chute. Mais c'est en fait Abby qui a commis accidentellement le crime lorsque la "dame aux livres" lui a dévoilé son secret, la poussant à rejoindre Sohan dans ses délires. Lorsque la pression est trop forte, la résolution ne peut être qu'explosive et dévastatrice...
Sylvie Callet nous propose un roman difficile à classer :: roman noir au sens large ? Mélodrame criminel, comme le sous-entend son titre ? On est une fois de plus dans cette zone grise entre littératures dites "noires" et "blanches" qui offre souvent les textes les plus passionnants. Il eût été facile de donner dans le cliché, mais on croit du début à la fin à ces personnages de roman choral parfaitement maîtrisé, chacun avec ses fêlures et ses contradictions ; et si on cède à la mode du récit intercalaire, ce n'est pas pour le plaisir de noircir de la page, mais bien pour rajouter un nouvel éclairage doux-amer au gros œuvre. Comme le dit l'auteure, ce fait divers aurait pu enflammer l'actualité l'espace d'un instant avec son flot de récupérations putassières sans plonger, comme elle le fait, dans la vérité des êtres. Elle y ajoute sa carte maîtresse : une écriture travaillée, lumineuse, qui sait toucher juste — en dépit d'un argot de banlieue très daté, puisqu'on présume que l'action est contemporaine —, qui fait qu'il y a bien plus d'émotions dans ces deux cents vingt pages que dans des pavés dont on nous rebattre les oreilles.
Citation
Je plongeai la tête la première dans cet océan de bouquins, bien décidée à ne plus jamais remonter à la surface. J'avais trouvé mon sanctuaire, j'entrai dans la nirvana. Je m'accrochai aux branches des lettres comme à des bouées de sauvetage, j'enjambai avec allégresse les passerelles entre les mots, me laissant glisser d'une phrase à l'autre comme sur un toboggan géant, me délectai de sensations nouvelles [...] Je communiais avec les âmes nichées entre les pages, faisais corps avec les rayons de la bibliothèque. Il fallut m'en déloger de force.