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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par Hélène Melo
Paris : Presses de la Cité, septembre 2023
474 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-258-20154-5
Sous le frêle vernis de la civilisation
Rick Hunter, un ancien botaniste pour la Compagnie des Indes orientales, a vu sa femme être tuée par un thug. Accusé du meurtre, il a dû s'enfuir. Arrivé à Londres, il n'a qu'une envie, se venger de ceux qui, depuis la capitale anglaise, ont manigancé la mort de son épouse et son arrestation. Pour obtenir des indices, il a accepté de s'acoquiner avec un personnage peu recommandable. Les deux hommes sont devenus des chasseurs de prime, mais une enquête sur fond de viol et de meurtre sonne le glas de leur association. Rick Hunter suit tout seul cette enquête et découvre alors dans la boutique Passion d'Orient une fleuriste en vogue qui utiliserait ses bouquets de fleurs pour transmettre des messages secrets. En la surveillant, il découvre égalament qu'elle est sans doute partie prenante, d'une façon ou une autre, avec les gens qu'il recherche. À partir de cet instant, remontant la piste de ses investigations, il va se confronter à une maîtresse qui se drogue à l'opium et qui a de drôles de relations, des plantations qui brûlent, une employée qui est assassinée alors qu'un autre est déchiqueté par un tigre... Dans la Capitale, à la veille de l'Exposition universelle de 1851, l'assassinat est créatif !
Derrière le langage secret des fleurs, derrière les vitrines policées et polissées des manoirs anglais, derrière les façades rutilantes des palais et de l'Exposition universelle qui est en élaboration en arrière-plan de ce roman, derrière le brillant et les richesses de la Compagnie des Indes, il y a l'envers du décor : des trahisons, des morts, des sbires agissants dans le sang, des complots pour s'emparer ou conserver le pouvoir. Rares sont les personnages qui n'ont qu'une face car on est à la fois une jeune femme et une dangereuse opiomane, un lord aux habits tirés et un sombre fornicateur de l'ombre, une fleuriste douce et aimable et une prostituée qui arrondit ses fins de mois. Le roman d'Antonio Garrido virevolte ainsi, sautant en quelques lignes d'un palais aux discours feutrés et à un bal grandiose, aux arrière-cours d'un entrepôt, dans un flot de sang avec un cadavre agonisant sur les docks. Le personnage disserte sur la manière de transformer un bouquet en message codé puis boit jusqu'à s'évanouir dans de bien glauques pubs. Reconstitution du Londres de la moitié du XIXe, Le Jardin des énigmes construit une intrigue méandreuse, sinueuse, où plus on avance, plus on découvre de fausses pistes. Le personnage central, entre sa vengeance et les gens qu'il croise, tente de classer le monde pour savoir qui sont ses ennemis et ses amis. Dans une ville qui devient l'emblème de la modernité mais où rodent des tigres, des éléphants, des tueurs hindous, où l'on passe du clinquant de la modernité aux fosses à purin de la ville, Antonio Garrido nous offre une visite rythmée, intelligemment menée et qui joue avec les ressorts du roman historique, des aventures trépidantes à la Bob Morane, offre des clins d'œil au Londres de Sherlock Holmes pour nous proposer un Jardin des énigmes assez addictif et qui est un vrai page-turner de qualité.
Citation
Parmi les dizaines de tripot malodorants qui proposaient à manger dans le quartier de Seven Dials, l'Oie noire était le seul où un étranger ne se serait rendu que sous la menace d'une arme. Bob Fatty, le tenancier, s'enorgueillissait de servir le meilleur whisky de Londres. Une chose était certaine : les rats des environs avaient disparu au moment où il avait mis à la carte des boulettes de viande à un penny.