Contenu
J'ai entendu le chant des morts
Grand format
Inédit
Tout public
282 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-8098-4709-3
Coll. "Suspense"
Le vieux fusil
1996. Au cimetière de Forcalquier, Pierre enterre son père Gabriel Ortega, un héros de la résistance responsable du maquis de Contadour. Son père, taiseux qui ne voulait jamais parler du passé et de la guerre. Dans la petite bergerie où il a vécu, Pierre trouve une photo de sa mère, Jeanne, que Gabriel a connu à l'orphelinat où ils résidaient tous les deux, et qui est morte en couches juste avant le débarquement en Provence. Mais il y a aussi un cahier des mains de son propre père, qui lui est dédié, afin qu'il apprenne la vérité... Première surprise : il s'avère que Jeanne a été violée et assassinée par des miliciens peu après avoir accouché. Brûlant du désir de vengeance, dans son récit, Gabriel se met en quête des quatre assassins collabos. Il trouvera une aide en la personne d'Abel, le braconnier, qui connaît la région comme sa poche et tout aussi désireux d'éradiquer la peste brune. Mais il s'agit aussi de savoir ce qui s'est passé ce soir fatidique. Pourquoi avoir torturé Jeanne sans toucher à son nouveau-né ? Était-elle vraiment résistante à l'insu de Gabriel ? Et quel rôle a joué Hubert, un ancien ami du couple perverti par la rhétorique haineuse des nazis ?
Polar ou roman historique ? Vu le passif de Jacques Mzeau, l'auteur, on pourrait pencher plutôt pour la seconde solution, même s'il y a meurtre et vengeance. Un point de départ d'ailleurs pas d'une originalité folle tant le récit de résistant est devenu un classique bien avant Le Vieux fusil. Mais bon, la vengeance est un ressort qui peut remonter à la tragédie grecque, donc ce qui compte est avant tout ce qu'on en fait. Nul doute que l'amateur de Seconde Guerre mondiale y trouvera son comptant, et l'auteur n'a heureusement aucune complaisance pour les raclures collaborationnistes tout en gardant son récit simple et sans rallonger inutilement la sauce. Reste le style, assez curieux : très simple, très sec, dégraissé même, au point de passer rapidement sur des faits importants (et on a bien conscience qu'en ces temps de Livres ventripotentsTM, il est paradoxal de reprocher à un auteur de faire court...). On ne peut pas non plus dire qu'il court après l'épure, puisqu'il y a au passage des notations très justes. Il faut croire qu'on a perdu l'habitude des auteurs avec une écriture qui leur est propre... En revanche, on peut se demander la pertinence de faire du récit un journal, puisque dans la grande tradition, on attend un coda final revenant au présent qui brille par son absence. Mais ce roman prouve qu'on peut remettre encore du jus dans un thème immémorial. Pour peu qu'on ait du talent, bien sûr !
Citation
En cette soirée sinistre, je mesurais ma naïveté. Désormais, je devais sortir de mon rêve éveillé pour faire face à la réalité. Je comprenais qu'en prenant le risque de vivre nous devions en même temps accepter celui de mourir.