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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Paris : HarperCollins France, mai 2024
380 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-339-1658-1
Coll. "HarperCollins Noir"
This is the End…
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une famille rivale. Après un détour par Hollywood, c'est à Las Vegas que lui a fini par s'installer, se réinventant en propriétaire d'hôtels et de casinos à succès. Toujours désireux de tirer un trait sur son passé criminel, il se prend à rêver d'avenir. Mais si les batailles se livrent désormais à coups de dollars, d'opérations bancaires et à fleurets mouchetés, elles n'en sont pas moins fatales, et malgré tous ses efforts, le meurtre et la vengeance ne cessent de définir sa vie. Lorsqu'une banale rivalité commerciale fait ressurgir tous les fantômes et toutes les haines, Danny Ryan ne rêve plus, il tente juste de survivre...
Dernier volet de la trilogie "classique" de Don Winslow, pour laquelle l'auteur réinvente la tragédie grecque en la passant au filtre du roman noir, La Cité sous les cendres est également son ultime roman, puisqu'il a annoncé renoncer à l'écriture pour descendre dans l'arène politique et se confronter aux MAGA-démons qui menacent son pays. Et le moins que l'on puisse dire est qu'il ne nous laisse pas les mains vides, car ce dernier roman est un joyau noir, une conclusion brillante à cette relecture très libre de l'Éneide. Car finalement, depuis l'Antiquité, a t-on raconté une autre histoire que celle du héros frappé d'un destin tragique qui, quels que soient ses efforts, ne peut qu'échouer ? Redevenant grave après les passages picaresques et vachards que lui inspiraient Hollywood dans La Cité des rêves, Winslow s'attaque ici à Las Vegas, et plus largement au jeu et à son importance dans la société américaine. Fondée par la mafia et irriguée pendant des décennies du sang de ceux qui s'opposaient à elle, la ville-casino a cru pouvoir se refaire une virginité en éloignant les parrains et en se débarrassant de sa réputation sulfureuse. En vain, comme le démontre avec aisance Don Winslow qui, sans jamais perdre de vue le parcours de son héros tourmenté et sa quête de rédemption, creuse le mythe de Vegas pour en exposer les coulisses, pas forcément propres. Et lorsque, à l'issue d'une simple "expansion commerciale", les rivalités mafieuses sortent au grand jour et que les flingues se mettent à parler, Winslow assemble toutes les pièces du puzzle criminel entamé avec La Cité en flammes, culminant dans un (presque) final aussi meurtrier qu'inéluctable qui ne laisse à Danny Ryan et au lecteur qu'un goût de cendres. Une construction brillante, des personnages inoubliables, et une écriture qui va forcément nous manquer, même si on espère que la nouvelle mission de Don Winslow portera ses fruits et contribuera à réparer une société américaine qui en a bien besoin.
Citation
Laisse-moi te dire une chose mon petit. L'argent propre ou sale, ça n'existe pas et ça n'a jamais existé. Il y a l'argent et c'est tout. Si tu crois que l'argent de Wall Street est immaculé, tu as encore beaucoup à apprendre.