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338 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-35299-029-1
Coll. "L'Écailler du Nord", 108
Un premier roman un rien too much...
L'inspecteur new-yorkais d'origine corse Paul Casanova, dit Polka, se retrouve face à un tueur surnommé le Mathématicien, gravant une série de chiffres sur ses victimes, qui pourrait être lié à la Kabbale ou à la Bible. En même temps, un nouveau caïd de la drogue inonde la ville de ses produits, au risque de déclencher une guerre des gangs...
Voilà un roman donnant dans le "faux américain", vieille tradition tombée en désuétude. Peut-être le fruit des expatriés des années 1990, qui ne manquaient jamais une occasion d'exhiber leur séjour aux Steïtes avec la certitude inébranlable d'être devenus des surhommes par procuration voués à l'adulation du vulgus pecum ? En ce cas, on ne s'étonnera pas que ce roman ait un côté frimeur, avec plus d'anglicismes et de mots anglais que dans un discours de publicitaire avec note de bas de page pour l'édification des masses et ses passages narratifs coupant systématiquement les dialogues pour faire style, enfin, staïle, quitte à gêner la compréhension. Le narrateur est le classique détective à problèmes se remettant de la mort de sa femme et de son fils, etc., etc., et son enquête touffue mêle trafic de drogue, gangs, tueur en série, références bibliques, Kabbale, numérologie, cérémonie vaudou, plongée dans une boîte techno qu'on croirait sortie d'un roman de Laurent Fétis, skins néo-nazis, nombreuses digressions (parfois gênantes lorsqu'elles ralentissent une scène de course-poursuite, parfois bien vues), références musicales et cinéphiliques assorties d'un couplet "c'était mieux avant" sur les années 1980 quelle-belle-époque jusqu'au final très hollywoodien. Bref, si l'on n'a guère le temps de s'ennuyer, pour rester dans la tonalité, c'est tout de même un rien too much... Heureusement, Mathieu Croizet a un sens de la narration évident malgré tous ses tics de style, ce qui fait que l'ensemble se lit agréablement, comme une "Série noire" des années 1980-1990 malgré quelques références à l'ère Bush. Rien de révolutionnaire, juste un roman qu'on sent personnel, mais qui aurait bénéficié de suivre la devise de Faulkner : "Tuez vos chéris !"
Récompenses :
Prix du roman policier de Serre-Chevalier 2010
Citation
C'est le problème de tous les flics. À force de côtoyer la lie de la société, on devient de plus en plus fous, à garder notre calme.