Les Mille crimes de Ming Tsu

La pire chose quand on ne peut pas avoir d'enfant, c'est qu'on finit par voir des bébés partout. Et la pire chose quand on invente des tas d'histoires - ou, plus exactement, quand on évolue dans une bulle de mensonges aux contours perpétuellement changeants -, c'est qu'on s'enferre dans un univers virtuel toujours plus tordu, toujours moins crédible. Au bout du compte, j'ai du mal à me rappeler qui je suis vraiment.
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Roman - Western

Les Mille crimes de Ming Tsu

Fantastique - Tueur à gages - Vengeance MAJ samedi 04 février 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24 €

Tom Lin
The Thousand Crimes of Ming Tsu - 2021
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Doug Headline
Paris : Gallimard, février 2023
404 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-294626-4
Coll. "La Noire"

Il était un Chinois dans l'Ouest

Ming Tsu est un orphelin chinois, dont la famille est venue faire fortune aux États-Unis alors naissants. Pris en charge par un homme, il est devenu un redoutable tireur, puis un tueur à gages de grande réputation. Un jour, il est tombé amoureux d'une belle Blanche qui le lui rendait bien. Il a voulu fuir avec elle, mais elle a été un peu réticente lorsqu'elle a découvert qu'il était un criminel. Alors un jour, le père de la jeune fille et ses hommes de main sont venus, l'ont battu et laissé pour mort. Mais Ming Tsu a survécu et a décidé de se venger. C'est alors qu'il croise un vieil homme aveugle, sorte de prophète, qui va l'aider par ses prédictions. Sa vengeance est cependant ralentie car il doit quasiment traverser les tous États-Unis pour retrouver sa belle, tout en faisant quelques détours pour liquider un ennemi et en échappant aux différents chasseurs de prime qui connaissent son identité ainsi qu'aux multiples racistes blancs qui n'ont rien contre l'idée de tuer un Chinois surtout recherché (et s'ils se trompent de cible ce n'est pas très grave car après tout un Chinois c'est un Chinois). Au cours de son périple, Ming Tsu va croiser, entre autres, un cirque ambulant peuplé de "monstres" et de gens aux pouvoirs particuliers qui se disent qu'il pourrait être un garde du corps efficace contre les Indiens ou autres voyous. Et surtout, une jeune veuve qui pourrait avoir envie de le détourner de sa vengeance pour vivre un véritable amour avec elle.

Le roman est le compte-rendu du périple sanglant du tueur chinois de l'est vers l'ouest, à la recherche de sa belle (mais celle-ci veut elle encore de lui ?). En route, il fait des rencontres typiques du western traditionnel : un shérif, des tavernes, des Indiens sur le sentier de la guerre, des chasseurs de prime, des gangsters. Et des éléments plus proches du fantastique : les membres du cirque ambulant qui semblent vraiment avoir des pouvoirs particuliers et son plus proche ami, un vieux sage capable de lire non pas le futur mais les lignes de force de l'avenir. Comme dans un western, le roman de Tom Lin s'appuie sur les éléments du genre : la petite ville qui se méfie des étranges et se prépare à lyncher sans gêne, des Indiens qui rôdent et attachent les convois de pionniers, des gangsters poursuivis par des milices, le travail rude des ouvriers chinois sur les chantiers ferroviaires, le saloon et ses clients lâches. En détournant un peu l'histoire autour de ce Chinois sans foi ni loi qui entend poursuivre une vengeance de manière violente, sans trop se soucier des conséquences, faisant régulièrement fi de la douleur, Les Mille crimes de Ming Tsu s'achève par une scène que l'on imagine déjà filmée par un Quentin Tarantino en pleine forme, de manière cynique et sanglante, pour un western efficace qui revient aux origines de la "Série Noire" (quand celle-ci publiait aussi des romans d'espionnage et du western, y compris des Français comme le père du traducteur), de bien belle façon.

Citation

Ming installa son campement, alluma un feu et retira ses bottes, puis brossa ce qui ressemblait à des milliers de moucherons écrasés accrochés à ses chaussettes. Une odeur de pourriture flottait dans l'air. L'homme que Ming avait tué se nommait Judah Ambrose, un ancien recruteur de main d'œuvre pour la Central Pacific qui portait sur la hanche un colt Pocket à cinq coups avec des chambres cylindriques forées spécialement pour accueillir des cartouches au lieu de l'habituelle combinaison d'une amorce et d'une balle.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 03 janvier 2023
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