La Valse des McKinleys

Chaque crime avait son écosystème, intervenait dans une communauté d'individus aux prises avec leur environnement. C'était généralement l'erreur de l'assassin, il croyait qu'en tuant une personne il supprimait juste une existence et qu'il lui suffisait d'effacer les traces de son acte pour que la vie autour reprenne. C'était particulièrement débile, parce que son crime remettait nécessairement en cause tout un dense réseau de dépendances, d'échanges, d'informations et que, tôt ou tard, celles-ci réapparaitraient pour peu que l'on dresse avec précision la carte de cet écosystème. C'est pourquoi rien, même le plus petit élément, ne devait être laissé de côté.
Joseph Macé-Scarron - La Falaise aux suicidés
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

dimanche 05 mai

Contenu

Roman - Noir

La Valse des McKinleys

Drogue - Assassinat - Urbain MAJ mardi 07 novembre 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 17 €

Richard Canal
Saint-Étienne : Le Caïman, octobre 2023
426 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-493739-11-7
Coll. "Roman noir"

Dans les pas des géants

Ulysses, une petite ville américaine qui meurt lentement. Même les éléments climatiques se mêlent de la partie et l'inondent. Au bord d'une route, un homme ensanglanté meurt dans sa voiture. Plus loin, un jeune homme paumé qui doit beaucoup d'argent à son patron, dealer, car il a perdu une partie de la commande de drogue. Il lui faudra des siècles pour rembourser. Mais le pouvoir du patron est aussi sur le point de vaciller. Et puis, un autre chef de la mafia a envoyé ses hommes pour retrouver celui qui possède les seuls documents capables de l'envoyer en prison. D'ailleurs, il est prêt à les racheter même si son maître chanteur lui a demandé une pleine valise de billets de cent dollars, les fameux McKinleys du titre, des billets qui n'ont plus cours mais que des amateurs veulent détenir. Lors de l'échange, des coups de feu, une fuite. Bien malin qui saura qui a récupéré l'argent, qui a pris les documents. Et puis il y a les femmes, les épouses, les copines, qui s'enfuient, qui la nuit accueillent d'autres hommes, qui vous trahissent ou vous aiment.

Richard Canal est un écrivain de longue date qui nous avait servi plutôt des romans de S.-F. Mais c'est aussi un amateur d'intrigues policières, de romans noirs. Ici, il s'installe dans le roman américain comme s'il y était né. Les descriptions d'une ville détruite par la misère, de petits trafiquants qui survivent et de plus gros qui essaient d'agrandir leurs territoires, nourrissant des guerres sans fin, des femmes fatales, des adolescentes lumineuses ou déjà rongées par le vice. On sent la noirceur, le poids des industries mortes, les longues routes sans fin, avec des Cadillac qui roulent à l'aveugle, des valises remplies de billets que l'on ouvre dans les chambres de motels pouilleux, des groupes de Mexicains, plus ou moins violents, qui traînent dans les rues à la recherche d'un bon coup. Le lecteur se surprend à vérifier qu'il s'agit bien du texte d'un auteur français et non d'une traduction glissée de manière étrange dans le corps du texte. En s'installant dans un territoire balisé, Richard Canal le renouvelle en s'y glissant de toute sa force inventive. Le récit ondule, passe d'un personnage à l'autre, revient en arrière, fonce vers l'hôpital où l'on se tord de douleur, part vers les affres sentimentaux d'une jeune femme ou la perversité d'une autre. Même si un personnage (Wallace Ackerman, le flic) est au cœur du roman, l'ensemble des acteurs du livre acquiert une présence impressionnante. Les décors et les éléments aussi, pour créer un roman noir fort et prenant, créateur d'images qui restent dans la mémoire.

Citation

Malgré les soins et les médicaments, Kurt Gosling voyait encore des comètes en feu traverser son champ de vision. Le phénomène coïncidait avec le passage sous les néons du chariot qui le ramenait à sa chambre d'hôpital. Par ailleurs, chaque fois qu'il prenait son souffle, des lances portées au rouge lui perçaient le sternum, de sorte qu'il respirait à petits coups en veillant à ne pas dépasser la limite au-delà de laquelle la douleur se réveillait.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 07 novembre 2023
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page