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Ma vie des autres (17)
Courts récits de 1000 signes (17). Depuis que je pratique l'escalade, je n'ai de pensée que pour la fermeture Éclair. Pas de n'importe laquelle. Celle qui ouvre sur le mystère et le désir. Je suis obsédé par le long zip qui fend les culottes des femmes araignées. Quand l'une grimpe au-dessus de moi sur la paroi rocheuse, mon regard est aimanté par la cicatrice de plastique entre les deux hémisphères intimes de son anatomie. C'est une nécessité pour que la sportive puisse se soulager en pleine ascension sans avoir besoin de baisser le short ou le pantalon. Une varappe peut durer de nombreuses heures. Mains et pieds à tenir en permanence des positions acrobatiques sur des points d'appui, rend impossible d'effectuer d'une manière normale ses besoins naturels. Pour le garçon, c'est plus simple. Une braguette classique suffit. En haute montagne, les alpinistes chevronnés chaussent des combinaisons unisexes avec la grande fermeture Éclair qui va du pubis au coccyx qui leur permet aussi de déféquer sans déshabillage. On les adopte lors des expéditions polaires. Les astronautes en portent et, on le sait moins, les hommes d'État et le Pape aussi lors de leurs défilés en automobile. Mais leurs zips m'intéressent moins que ceux des femmes araignées. Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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