Courts récits de 1000 signes (36). Je n'en peux plus, je deviens folle. Ils n'arrêtent pas de sonner. Certains sautent même par-dessus le portail pour venir frapper à la porte. J'ai soixante-dix ans. Ce n'est pas une vie pour une vieille femme. Ça commence le vendredi à minuit et ça ne s'arrête que le dimanche soir. J'ai fait mettre des écriteaux partout pour indiquer qu'ils ne sont pas où ils croient. Ils veulent le médecin de garde. C'est une erreur. Dans la journée, je ne vois personne, mais chaque nuit du week-end ils arrivent comme des mouches. C'est à cause du GPS, du Tam-tam ou Tom-tom, je ne sais plus. Je n'y comprends rien à ces appareils. Une nuit, un homme affolé est entré par la fenêtre de ma cuisine. Il m'a expliqué que son appareil indiquait mon adresse pour trouver un médecin de garde les nuits du week-end. L'appareil se trompait de localité. J'ai appelé la société Tam-tam ou Tom-tom. Ils m'ont dit que je devais prendre mon mal en patience. L'erreur était enregistrée dans leur ancien appareil. Avec le nouveau, c'est rectifié. Il y a encore des gens qui possèdent le vieux modèle et qui ont besoin de soins la nuit en fin de semaine. J'ai des palpitations, je ne dors plus. C'est moi bientôt qui vais appeler le 15.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.Jan Thirion
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Par La Rédaction