Contenu
cinéma
association
auteur
bibliothèque
blog
café littéraire
cinéma
colloque-conférence
commémoration
concours
disque
DVD
édition
exposition
festival
feuilleton
jeux
librairie
musique
nécrologie
photos
presse
prix littéraire
radio
revue
salon
site Internet
société
télévision
théâtre
Toutes les dépêches
Un film de saison Les Crimes de Snowtown
27/12/2011
Récit d'une violence hors du commun, bien loin des clichés glamours australiens
Snowtown, 145 kilomètres au nord d'Adélaïde, restera durablement synonyme d'horreur. En 1999, huit corps sont retrouvés dans des barils stockés dans la chambre forte d'une banque désaffectée. Quatre personnes sont rapidement arrêtées et accusées de ces meurtres. Et de trois autres. Les meurtres ont été commis entre 1992 et 1999 à l'initiative de John Bunting, personnage charismatique, sorte de prêcheur parti en croisade contre les pédophiles, les drogués, les marginaux que la société australienne laisse impunément traîner dans ses quartiers défavorisés. Une croisade macabre qui dépasse l'entendement, et qui cache un dessein plus sinistre encore : John Bunting et ses complices tuent pour le plaisir comme l'explique Debbi Marshall, une des journalistes ayant couvert les événements.
Si beaucoup a été écrit sur le sujet, jusqu'ici aucun film n'avait osé l'aborder. Un tel projet ne pouvait se faire que dans la douleur. Accusé de vouloir exploiter la violence à des fins commerciales, le réalisateur Justin Kurzel a pourtant réussi à imposer son film. Le scénario de Shaun Grant proposait en effet une approche singulière des événements. Il s'agissait pour lui de replacer dans leur contexte les pires crimes qu'ait jamais connus l'Australie, en évitant de tomber dans la justification ou le mélodrame. Pour ce faire, le réalisateur et le scénariste se sont inspirés des livres publiés sur les événements dont celui d'Andrew McGarry, Snowtown Murders: The Real Story Behind the Bodies in the Barrels Killings (Les Crimes de Snowtown : la véritable histoire derrière les meurtres des corps dans les barils) et des nombreux articles et comptes-rendus du procès des meurtriers, pour tenter d'imaginer l'initiation criminelle de Jamie Vlassakis, adolescent de seize ans, fils de la compagne de John Bunting, dont la vraisemblable fascination pour un père putatif l'ont entraîné dans une funeste spirale.
Avant de tourner le film sur les lieux même des événements, Justin Kurzel s'est rapproché de Michael O'Connell, responsable d'une association locale de victimes, pour instaurer un dialogue avec les familles de victimes et rassurer sur ses intentions. Présenté en ouverture du Festival du Film d'Adélaïde, l'équipe du film à tenu à associer la communauté dans laquelle John Bunting recruta et les familles de victimes : parmi elles, certaines ont boycotté le film.
Le film a reçu dans toute l'Australie un accueil plutôt "enthousiaste", malgré ce boycott et la violence crue du film. En particulier dans une scène de meurtre. D'après certains journaux australiens, des spectateurs se seraient évanouis lors de la projection du film. L'équipe du film ne confirme que le départ de nombreuses personnes pendant les projections qu'elle comprend tant le film crée un malaise, tant l'ambiance y est pesante, laissant une sensation désagréable et persistante le film fini.
John Bunting a été condamné à perpétuité pour onze meurtres. Son "disciple" Jamie Vlassakis a plaidé coupable de quatre meurtres et est également condamné à vie. Ayant témoigné contre ses co-accusés, il purge sa peine sous un faux nom. Sa peine prévoit vingt-six années de détention incompressibles. En 2025, les autorités peuvent le libérer. Il aura alors quarante-cinq ans.
Snowtown est le premier long métrage de Justin Kurzel. Un premier long métrage qu'il n'avait pas soupçonné pouvoir être un film noir. La contrainte semble lui avoir réussi. Son film vient d'être récompensé par le prix du jury au Festival du Film de Marrakech et son acteur principal Daniel Henshall, du prix d'interprétation masculine.
NdR - La semaine prochaine, à l'occasion de la sortie en DVD d'Animal Kingdom, k-libre continue son voyage à travers le cinéma noir made in Australia.
Par Jawaher Aka