Dépêche | Björn Larsson : avis de traducteur

On souffla le mot dans tout le village. Malédiction. Certains se signèrent, d'autres crachèrent. Le père René tenta de rassurer tout le monde. Un accident, juste un petit incident. Mais le mot revenait toujours. Malédiction.
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MAJ jeudi 21 novembre

Björn Larsson : avis de traducteur
14/03/2013

Björn Larsson : avis de traducteur
Le dernier Björn Larsson devrait contenter à la fois les amateurs de romans policiers (puisqu'on y trouve un meurtre et une enquête, et que l'énigme est même résolue – que peut-on demander de plus), et ceux qui aiment que la littérature soit autre chose qu'un divertissement, voire qu'elle les incite à l'exploitation d'un monde nouveau et, pourquoi pas, à la réflexion. Ceux-ci en auront aussi pour leur argent, du moins s'ils jugent bon qu'un roman s'intéresse à la littérature en tant que telle et aux conditions dans lesquelles elle s'exerce, sur le plan technique et commercial. Les Poètes morts n'écrivent pas de romans policiers est en effet une mine à ce point de vue. Non qu'il s'adonne à ce genre si pratiqué actuellement qu'est l'autofiction. Ce serait plutôt le contraire, puisque l'ensemble du spectre littéraire y est balayé, depuis le poète exigeant, fatalement solitaire et peu médiatisé, jusqu'à l'universitaire qui sait tout sur le sujet sans l'avoir jamais pratiqué, en passant par l'éditeur tiraillé entre des loyautés divergentes et le commissaire de police saisi par le démon littéraire comme monsieur Le Trouadec l'était par la débauche. Ceci donne lieu à un jeu de miroirs opposés qui devrait délecter les plus fanatiques partisans de la "mise en abîme", mais aussi ceux qui ne méprisent pas de bonnes parties de rigolade fût-ce sur le plus sérieux des sujets – car la mort, même d'un poète méconnu, c'est quand même du sérieux, non ? Les seuls qui n'y trouveront peut-être pas leur compte seront ceux qui n'apprécient pas l'humour, l'ironie, la satire, etc. Mais ceux-là peuvent toujours lire les écrits politiques ou les rapports de la Banque mondiale, fonds inépuisable et sans cesse renouvelé s'il en est. Depuis que le roman policier existe (et donc pas loin de deux siècles, selon certains), il n'est pas sûr qu'on ait déjà mis en scène un mobile aussi surprenant et littéraire. L'assassinat a certes déjà été présenté comme l'un des beaux-arts, mais sur le plan de l'exécution, pas sur celui de "l'ontologie phénoménologique sartrienne". Et si Tomas Tranströmer figure dans ce livre, qu'on se rassure : c'était avant qu'il obtienne le prix Nobel (la version française ayant mis deux ans et demi à nous parvenir). Voilà quelque bonnes raisons de lire ce livre – ou pas, c'est selon ; mais il est bon que ce soit en toute connaissance de cause dans les deux cas. Bonne lecture aux courageux kamikazes qui n'auront pas peur de se passer de dormir, de manger, voire de vivre (même si ce serait dommage) pendant quelques heures pour en savoir plus sur la littérature... sans jamais avoir osé le demander (air connu).
Philippe Bouquet


Liens : Les Poètes morts n’écrivent pas de romans policiers | Philippe Bouquet | Björn Larsson

Par Philippe Bouquet

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