Courts récits de 1000 signes (65). Je me retrouve bien emmerdé avec mon orteil cassé. Il est déjà tout bleu et j'ai peur que demain il me fasse encore souffrir. J'ai un contrat à honorer, je ne peux pas annuler, sinon, c'est moi qui paie. J'ai une famille, je ne peux pas me permettre un faux pas. C'est la peau des autres ou la mienne. Typhaine m'est tombée dessus en rentrant dans l'eau. La vague l'a renversée. Moi, je tenais Momo, notre garçon, de sorte qu'il ne boive pas la tasse. Il l'a bue tout de même. On a chaviré tous les trois. Typhaine n'était jamais venue à l'océan, elle ne pensait pas se faire chahuter comme ça. Quand elle est entrée dans l'eau, elle avait plus peur que Momo. Elle m'a crié dessus quelque chose, elle s'est agrippée à moi, et sous son poids j'ai senti mon gros doigt de pied se retourner. Conduire ne pose pas de problème. Par contre, marcher, ouille ! Courir, je n'aime mieux pas y penser. Le type que je dois supprimer est le patron d'une casse auto. Si je dois le poursuivre dans son cimetière de voitures, je ne suis pas au bout de mes peines. Je devrais d'abord lui envoyer Typhaine pour qu'elle lui écrabouille aussi les pieds.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
Liens : Jan Thirion
Par La Rédaction