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Quand les hommes du renseignement se mettent au roman
05/12/2013
Le monde du polar se penche rarement sur celui de l'espionnage. Méconnaissance ? Univers différents ? Pousser la porte de l'École Militaire (encore fallait-il trouver la bonne), ce mercredi 30 octobre valait donc le coup. S'y tenait une conférence "Quand les hommes du renseignement se mettent au roman."
L'École Militaire à Paris est un énorme bâtiment construit sous Louis XIV. Après deux contrôles d'identité, l'accès à l'auditorium est enfin possible. Sur scène une grande table et un écran géant qui diffuse un clip promotionnel de l'ANAJ-IHEDN, "première association française de jeunes sur les problématiques de défense et de sécurité." Dans la salle, "pas moins de cent cinquante personnes selon les RG, deux mille selon les syndicats", plaisante l'animateur de la rencontre.
Les invités :
Bernard Besson est un ancien des RG, de la police des Courses et des Jeux, et spécialiste de l'Intelligence Économique. Éric Dumont, de son nom de plume Paul Fauray, a officié dans la marine, à Djibouti, dans les Balkans et aussi à la Cour des Comptes. Pierre Boussel est journaliste à Radio Méditerranée Internationale.
L'animateur demande à chaque auteur de se présenter en vingt minutes pour ensuite laisser place aux questions du public. Bernard Besson fait feu le premier, en rappelant que la France n'a pas connu d'attentats depuis les années 1990 et que "tout va bien parce qu'il y a dans l'ombre des hommes et des femmes qui font un travail ingrat". Un constat (un regret) revient souvent dans ses propos et ceux d'Éric Dumont. La France n'a pas la culture du renseignement. "Un bon renseignement est un service qui a un État qui sait ce qu'il veut." "Le renseignement est essentiel à la souveraineté nationale." Pour eux, visiblement, la France est très en retard sur le sujet, loin derrière les Anglo-Saxons ou les Chinois. Un pays doit être correctement informé pour pouvoir agir et réagir, planifier sur le long terme.
Éric Dumont, visiblement passionné de littérature d'espionnage, revient sur les origines du genre et parle des auteurs qui l'ont influencé. Avec son roman La Bombe des Mollahs, il reconnaît insérer des éléments de géopolitique pour que le lecteur apprenne des choses.
Pierre Boussel raconte son expérience de journaliste au Maroc, et ma voisine de gauche murmure à son compagnon : "Il est insupportable." Il faut dire que le journaliste a un côté caricatural et qu'il s'éparpille un peu dans les anecdotes. Il confie une grande admiration pour les hommes qui organisent les opérations clandestines, et que l'écriture est une façon de faire ressentir ce que peut-être leur métier. Son roman, Les Confessions de l'ombre, est préfacé par Alain Chouet, ancien de la DGSE...
Le public est très curieux de questionner les trois auteurs sur l'actualité. Leur avis est demandé sur la NSA, la libération des otages français, la protection des sources, l'affaire Wikileaks, la transparence... On sent une grande volonté de comprendre et de ne pas se contenter des versions médiatiques. Bernard Besson et Éric Dumont l'expliqueront bien : les études qu'ils ont faites leur ont fourni des clés de compréhension de l'actualité géopolitique. Leur discours est construit, argumenté, et s'il est à prendre avec précaution, il possède un ton et un propos peu représentés dans l'univers habituel des conférences sur le roman policier. Accessoirement, il augmentera d'un cran votre degré de paranoïa.
Reste à juger du point de vue littéraire ce que valent leurs ouvrages. Écrire avec la meilleure volonté et les meilleures informations ne fait pas tout.
Caroline de Benedetti
Fondu Au Noir
Liens : Caroline de Benedetti | Bernard Besson | Pierre Boussel | Fondu au noir
Par La Rédaction